« Je l’ai battue à mort à coups de bâton… » Après cinq heures d’interrogatoire, Simon Brind’Amour crache finalement le morceau aux policiers : il a tué sa conjointe Josiane Arguin avec une baguette de billard et s’est méthodiquement débarrassé du corps dans les ordures. Des aveux saisissants présentés au jury vendredi au procès pour meurtre du Montréalais.

Tête couchée sur la table, mains sur sa tignasse, Simon Brind’Amour renifle et sanglote. Il est sur le point de craquer. Depuis des heures, il discute de tout et rien avec l’enquêteur dans une salle d’interrogatoire anonyme. En ce 1er novembre 2018, il vient d’être arrêté pour le meurtre de sa conjointe de 34 ans, disparue deux mois plus tôt.

« Suis ton cœur Simon », lui répète l’enquêteur, en mettant son doigt sur la poitrine du suspect. Poussé dans ses derniers retranchements, Simon Brind’Amour cède. D’abord d’un calme désarmant, puis la voix brisée par l’émotion, il confie le meurtre de Josiane Arguin, le 1er septembre 2018, dans la cour arrière de leur maison du quartier Parc-Extension à Montréal.

« Elle s’en va dehors dans la cour et saute dans la haie de cèdres en criant : ‘’Je me fais battre, je me fais battre !’’… J’ai pogné une baguette de pool. Je suis parti en lui disant : crisse, tu veux être une femme battue, osti. Tu vas savoir c’est quoi une femme battue ! … Je l’ai battue à mort à coups de bâton », avoue-t-il.

« Elle a levé le bras pour se défendre… Ça a dû fesser fort, parce que la baguette m’a pété dans les mains », confie-t-il plus tard, en mimant le geste de défense de Josiane. Pendant l’interrogatoire, il se recroqueville même soudainement au sol pour imiter la position fœtale du corps inerte de sa conjointe.

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Josiane Arguin

Jamais, répète-t-il à l’enquêteur, il n’a voulu que « ça arrive ». « J’ai jamais souhaité y défoncer la tête, y casser le bras et la regarder se baigner dans son sang, pendant que tu essaies de lui faire le bouche-à-bouche… (long silence). Tu ne souhaiterais même pas ça à ton pire ennemi », lâche-t-il.

Il prend le bus avec le corps de la victime

Après le meurtre, Simon Brind’Amour se rend ensuite au magasin pour acheter une toile de plastique. Il nettoie le sang au sol et dépose la dépouille sur la toile. Il laisse le corps dans leur chambre pendant trois jours à l’air climatisé. « Je ne savais pas quoi faire », dit-il en sanglots.

Quand l’odeur devient insoutenable, Brind’Amour lave le corps de sa conjointe à l’eau de Javel, l’enveloppe dans un « styromousse de plancher flottant de 8 par 8 » et la glisse dans une poche de hockey. Il prend finalement l’autobus jusqu’à la 13e avenue dans le quartier Saint-Michel, et se débarrasse du corps dans une benne à ordures près de l’autoroute Métropolitaine.

PHOTOS DÉPOSÉES AU PROCÈS DE SIMON BRIND’AMOUR

Entre ses aveux, Simon Brind’Amour a assuré n’avoir « jamais touché » Josiane avant ce jour fatidique, bien qu’un épisode relaté soulève des questions. « Mettons qu’elle était en crise… je la serrais. C’est arrivé que je la pognais par les épaules, ma main a glissé, mes mains ont monté vers les épaules », illustre-t-il.

Le suspect raconte ensuite que sa conjointe disait à leurs amis qu’il était « un batteur de femmes ». « [Elle dit] : ‘’Je commence à monter un dossier avec des photos’’. Des photos de quoi, je ne sais pas », s’interroge-t-il.

Après sept heures d’interrogatoire, vers 3 h 30 du matin, Simon Brind’Amour semble au bout du rouleau. Il pleure et grimace lorsque l’enquêteur lui demande s’il a pris des photos du corps de Josiane. « Non, pourquoi », se lamente-t-il.

« J’ai jamais voulu ça, j’ai jamais voulu qu’elle soit retrouvée comme ça. T’imagines comment tu te sens quand tu as tué ta blonde », sanglote-t-il.

Son procès pour meurtre au second degré et outrage à un cadavre se poursuit mardi devant la juge Hélène di Salvo au palais de justice de Montréal.