« On veut garder notre ville sécuritaire, tout le monde doit contribuer », a déclaré le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Sylvain Caron, en entrevue avec l’animateur du 98,5 FM Paul Arcand, mardi matin.

L’échange de coups de feu entre un suspect et trois policiers en fin de semaine dans le Vieux-Port était au cœur de l’entrevue.

Le directeur Caron a admis que le nombre d’événements de coups de feu était en hausse à Montréal, depuis le début de l’été, et a évalué que 56 % de ces situations étaient liées au crime organisé.

À une question de l’animateur qui a demandé si les policiers du SPVM sont maintenant plus craintifs d’interpeller des individus sur la rue, en raison de la nouvelle politique d’interpellation du SPVM, et veulent ainsi éviter d’être cités en déontologie, Sylvain Caron a défendu les nouvelles mesures.

« La politique d’interpellation n’a pas pour objectif de faire cesser le travail des policiers. On fait seulement les choses différemment. On veut que nos policiers continuent à être professionnels. On a un travail à faire », a-t-il répondu.

Lundi, La Presse a rappelé que les sections d’enquête des quatre régions du SPVM ont été restructurées à quelques reprises au cours des dernières années, et que les escouades spécialisées dans la lutte aux gangs de rue ont été dissoutes. Celles-ci ont effectué de nombreuses saisies d’armes à feu dans le passé.

« On travaille d’une façon différente. Lorsqu’il y a des situations particulières, on crée des task forces », s’est défendu M. Caron.

Ce dernier a ajouté que ses policiers n’ont pas de difficulté à recruter des sources dans le milieu.

« Je signe régulièrement des paiements de sources. Il y a encore des sources », a-t-il assuré.

Sylvain Caron a toutefois admis que les mesures actuelles mises en place pour prévenir les événements de coups de feu « ne sont pas suffisantes » et il a confirmé l’annonce faite lundi par la mairesse Valérie Plante que les policiers seront plus présents dans les secteurs chauds, notamment Ville-Marie (Vieux-Montréal), Rivière-des-Prairies, Pointe-aux-Trembles, Saint-Léonard et Montréal-Nord.

« On va faire du porte-à-porte et rencontrer les citoyens et les commerçants. Je ne veux pas que l’on nous compare à Toronto. Montréal est une ville sécuritaire et tout le monde doit contribuer », a dit le chef Caron.

Le désengagement divise

Des patrouilleurs ont toutefois confié à La Presse que la nouvelle politique d’interpellation au SPVM était l’une des causes d’un certain « désengagement » des policiers qui hésitent maintenant à interpeller les citoyens. Ce désengagement de certains serait même dénoncé dans les rangs policiers.

Selon nos informations, les trois policiers impliqués dans les événements de la nuit de samedi à dimanche dans le Vieux-Port ont ouvert le feu, dont l’un qui aurait vidé son chargeur de 16 balles et un autre qui aurait tiré plus d’une demi-douzaine de balles.

Le suspect, Adam Pichette, qui aurait eu un révolver Smith & Wesson de calibre .38, aurait également vidé son arme, faisant ainsi en sorte qu’au moins une trentaine de coups de feu auraient été tirés en tout lors de l’événement.

D’après des sources, les trois policiers à vélo n’auraient pas répondu à un appel et auraient patrouillé dans le Vieux-Port en raison de l’opération de visibilité lancée dans le Vieux-Montréal à la suite d’une recrudescence des violences dans ce secteur.

Ils auraient entendu un coup de feu et se seraient approchés de deux individus qui se disputaient. Quelques mots auraient été échangés avec le suspect avant que celui-ci sorte un révolver d’un sac en bandoulière qu’il portait et ouvre le feu en direction des policiers qui ont été totalement pris par surprise. Ceux-ci ont répliqué et cessé le feu lorsque le suspect, qui aurait été atteint de quatre ou cinq balles, ne constituait plus une menace.

Un policier a reçu une balle dans un mollet et trois citoyens ont été légèrement blessés dans la fusillade qui serait la plus importante opposant un suspect et des policiers montréalais depuis la tuerie du Collège Dawson en 2006.

Adam Pichette, qui a survécu à la fusillade, a déjà été arrêté en possession d’une mitraillette de type AK-47. Il avait été condamné à une trentaine de mois d’emprisonnement et il lui était interdit de posséder une arme à vie. Il aurait renoncé à une demande de libération conditionnelle et serait sorti de prison en décembre dernier, après avoir purgé les deux tiers de sa peine.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.