Une femme qui conduisait à tombeau ouvert avec les facultés affaiblies sur l’autoroute 15 en mai dernier à Montréal va écoper de quatre ans de pénitencier pour avoir tué à bord de son véhicule une mère chef de famille qui travaillait à l’hôpital. Véritable « fléau », l’ivresse au volant de la chauffarde a eu des conséquences « atroces » pour la famille de la victime, plaide la Couronne.

« En tant que mère, mon cœur est anéanti. C’est une douleur qui pénètre au plus profond de mon âme. Ma fille Myriam était une mère célibataire. Elle laisse une fille de 12 ans », a confié la mère de la victime dans une lettre lue à la cour en espagnol par son fils, en août dernier.

Accusée de conduite dangereuse ayant causé la mort, Luz Dary Posada Bastidas a plaidé coupable le mois dernier au palais de justice de Montréal à une accusation de conduite avec les facultés affaiblies causant la mort de Myriam Soler, une préposée aux bénéficiaires de 32 ans.

Au terme d’une soirée à boire et à chanter, le 5 mai dernier, la Lavalloise de 40 ans a pris le volant vers 5 heures du matin avec son amie Myriam Soler à bord. Vers minuit, un ami avait pourtant demandé à la femme de lui remettre ses clés en raison de son état d’ébriété, mais celle-ci avait refusé pour continuer la fête ailleurs. Or, l’accusée était soumise à une interdiction de conduire en raison d’une condamnation pour conduite avec les facultés affaiblies l’automne dernier.

Quelques secondes avant de perdre la maîtrise de son véhicule sur l’autoroute 15 dans le secteur de Saint-Laurent, à Montréal, Luz Dary Posada Bastidas roulait à 160 km/h, selon les policiers. Son alcoolémie était alors près de trois fois plus élevée que la limite permise de 0,08 (0,221).

L’accident a été d’une rare violence. Le véhicule a fait plusieurs tonneaux, passant même par-dessus des voitures stationnées dans une rue parallèle à l’autoroute. Le véhicule s’est alors retrouvé sur le trottoir, à quelques dizaines de mètres de l’autoroute.

La mort de Myriam Soler a laissé un vide immense dans la vie de sa famille tissée serré. Sa mère, avec qui elle habitait, a perdu leur appartement, puis son emploi pour prendre soin de sa petite-fille endeuillée. Sa famille a dû emprunter de l’argent pour survivre et payer les funérailles.

Dans une lettre remplie d’émotions, le frère de la victime a brossé le portrait d’une jeune mère aimante qui a persévéré pour obtenir un emploi à l’hôpital comme préposée aux bénéficiaires.

« Elle était une jeune femme merveilleuse, une excellente mère. Elle était courageuse. Elle a lutté toute sa vie pour transmettre ses valeurs à sa fille », a-t-il raconté au nom de la famille. Il a de plus souligné combien elle avait été heureuse d’immigrer et de vivre au Canada.

Pleurant à chaudes larmes, Luz Dary Posada Bastidas s’est ensuite adressée à la cour pour exprimer ses profonds remords.

« Je regrette profondément et je vous supplie de me pardonner pour avoir créé cette situation irréparable », a-t-elle lancé à la famille de la victime. Gravement blessée, l’accusée était toujours en fauteuil roulant lors de l’audience.

La procureure de la Couronne, MAnik Archambault, a relevé de nombreux facteurs aggravants dans l’imposition de la peine, dont la grande vitesse, le taux d’alcool très élevé, ses antécédents et les répercussions importantes sur la famille de Mme Soler.

« Les témoignages reflètent les lourdes conséquences et les douleurs profondes que ressentent le frère et la mère de Mme Soler, sans oublier sa fille, dont la perte est incommensurable », a plaidé MArchambault.

« La conduite de madame [Posada Bastidas], le matin du 5 mai 2020, s’inscrit dans le fléau que la société cherche à réprimer. Cet évènement est une illustration des conséquences atroces d’une conduite en état d’ivresse », a fait valoir la procureure.

En défense, MLeonard Waxman a souligné que la victime était bien au courant de la consommation de l’accusée et devait ainsi « assumer le risque ». Un argument qui doit être rejeté, selon la Couronne. L’accusée est également mère de quatre enfants, a plaidé MWaxman.

La juge Karine Giguère a déjà annoncé son intention d’entériner la suggestion commune de 47 mois de détention, le 21 septembre prochain.