La police s’est mise aux trousses d’un jeune rappeur montréalais après avoir constaté que les nombreuses armes à feu avec lesquelles il apparaissait dans un vidéoclip étaient réelles.

Yahya Mouhime, 18 ans, est activement recherché par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Il pourrait être armé, avertissent les autorités.

Mouhime traîne déjà un casier criminel malgré son jeune âge et affiche ouvertement son allégeance à un gang de rue. Il mène une carrière de rappeur sous l’alias VT. Sa dernière adresse connue est dans l'arrondissement de Saint-Léonard.

En janvier dernier, il a mis en ligne un vidéoclip où on le voit flanqué d’au moins six autres individus cagoulés. À plusieurs moments de l’enregistrement, le rappeur et ses acolytes brandissent des armes de poing, certaines équipées d’un silencieux ou d’un magasin à haute capacité.

Les paroles de la pièce contiennent ce qui semble être des menaces : « Si tu l’ouvres, c’est sûr que je te la close [ferme] », chante-t-il en pointant un pistolet vers la caméra, en plus de répéter qu’il « arrose » [ouvre le feu].

Un avertissement introductif assure que les « accessoires représentés sont fictifs ». Mais selon la police, il n’en serait rien.

PHOTO LA PRESSE

Yahya Mouhime

Plusieurs plaintes

« Dans les jours suivant la diffusion de la vidéo, plusieurs plaintes et signalements ont été acheminés aux services de police de Montréal, Laval et Longueuil », a indiqué mardi le SPVM dans un communiqué. L’enquête « a permis de confirmer que les armes apparaissant dans le vidéo étaient véritables ».

Ce sont les agents du Projet Quiétude qui ont été chargés de l’enquête. Il s’agit d’un groupe d’une trentaine de policiers créé après une série d’événements violents dans le milieu montréalais des gangs de rue, à la fin de 2019.

« Les policiers ont mené huit perquisitions entre les mois de février et mai dans le cadre de cette enquête, a continué la police. Ils ont saisi la majorité des armes exhibées dans le vidéoclip. Six suspects ont été arrêtés et ont comparu à la Cour du Québec sous des chefs multiples d’accusation en matière de possession d’armes à feu. »

Menaces, proxénétisme et violence

Yahya Mouhime vante son mode de vie criminalisé dans ses chansons au moins depuis qu’il a 16 ans. À cet âge, en 2018, il mettait en ligne un vidéoclip dans lequel il décrivait des activités de proxénétisme. « Il y a trois femelles dans l’backseat. Bientôt trois escortes sur Backpage », chante-t-il, avant de les menacer. Backpage est un site de petites annonces spécialisé en prostitution.

Quelques mois plus tôt, il menaçait directement les informateurs du SPVM : « Je fais tout pour ma clique, je peux même faire couler du sang. Dans le quartier, [l’esoucade policière] Éclipse veut nous faire prendre du gros temps. On s’occupe des snitchs [mouchards] en leur découpant la langue. »

À la mi-juin, La Presse rapportait que les policiers du Projet Quiétude avaient mis la main au collet de six hommes après la diffusion sur les réseaux sociaux d’un vidéoclip de rap où ils s’affichaient avec des liasses d’argent et des armes. Le groupe tactique d’intervention (mieux connu sous son acronyme anglais SWAT) a été impliqué dans la descente, survenue dans un appartement loué du Vieux-Montréal.