L’avocat d’Éric Salvail s’oppose avec vigueur à la présentation de trois nouveaux témoignages contre son client alors que la preuve est close. Cela transformerait un procès pour agression sexuelle en « un examen détaillé de la moralité » de l’animateur, ce qui serait « injuste » à son égard.

« Là, nous ne sommes plus dans le procès de [Donald] Duguay. Là, nous sommes dans un nouveau procès ! Ça va donner un procès sur la moralité de M. Salvail », a lancé avec vigueur l’avocat d’Éric Salvail, MMichel Massicotte, lundi au palais de justice de Montréal, pour dissuader le juge Alexandre Dalmau d’accepter une contre-preuve portant sur des « faits similaires » déposés par le ministère public.

La procureure de la Couronne, MAmélie Rivard, a demandé au juge de déposer en contre-preuve trois nouveaux témoignages d’ex-collègues de l’ancien animateur de 51 ans qui prétendent avoir été agressés ou harcelés par Éric Salvail dans le cadre de leur travail.

Ces personnes, même si elles ont décidé de ne pas porter plainte, ont fait des déclarations au Service de police de la Ville de Montréal à la mi-mars, à la suite du témoignage d’Éric Savail, accusé d’agression sexuelle, de harcèlement criminel et de séquestration à l’égard de Donald Duguay. Selon eux, il y avait des « faits similaires » entre des évènements qu’ils avaient vécus et ceux rapportés par la présumée victime dans le procès de l’ancien animateur.

Aux yeux de la procureure de la Couronne, la présentation de ces témoignages est importante, non pas pour bonifier la preuve, mais pour débattre de la crédibilité de l’accusé, dont « le centre de la défense » repose sur sa « bonne réputation » et sa « moralité ».

« M. Salvail dit qu’il n’est pas le type de personne » qui agresse ou harcèle sexuellement des collègues, a-t-elle précisé pour expliquer l’importance de cette contre-preuve. M. Salvail a été catégorique lors de son témoignage en affirmant n’avoir jamais agressé sexuellement qui que ce soit. « Je n’agresse pas les gens dans la vie. Je ne fais pas ça », a-t-il dit en février dernier, au palais de justice de Montréal.

Or, selon le ministère public, l’ancienne vedette du petit écran a décrit une « image erronée » de lui-même en cour, ce que la contre-preuve pourrait rétablir.

Du côté de MMassicotte, il ne veut absolument pas que la contre-preuve soit admise, notamment parce qu’il juge que les faits évoqués par les témoins ne sont pas semblables à ceux évoqués par Donald Duguay. « La présentation en contre-preuve de trois témoignages sur trois évènements distincts a pour effet de faire dévier le procès des allégations du plaignant vers un examen détaillé de la moralité de l’intimé à partir de ses débuts professionnels jusqu’à tout récemment. »

« Il faut comparer des pommes avec des pommes ! », soutient Me Massicotte.

En décortiquant les trois témoignages, l’avocat de la défense a d’ailleurs mis l’accent sur le fait que des témoins disaient même qu’au moment des évènements, ils avaient trouvé « drôles » certain des gestes allégués et qu’ils ne s’étaient pas sentis « menacés » par eux. Raison de plus de ne pas accepter cette contre-preuve ayant pour but de présenter des « faits similaires », toujours selon l’avocat de Salvail.

« Quand j’analyse les faits similaires, ce sont les gestes de M. Salvail que j’analyse, a répondu le juge. Ce ne sont pas les réactions de ces personnes-là. Je l’ai répété mille fois, avec ce que j’ai, peu importe l’évaluation de la crédibilité qu’on fait, ils décrivent tous les trois des gestes d’agressions sexuelles. »

Réponse le 4 septembre

L’avocat de la défense a aussi plaidé que des témoins avaient décidé de faire des déclarations aux autorités parce qu’ils avaient été « influencés par la publicité » entourant le procès très médiatisé de l’ancienne vedette. « Dans les personnes qui vont témoigner, il y en a qui disent : “Salvail a démontré que Duguay n’était pas crédible ? Attends, moi, je vais y aller !” », a évoqué MMassicotte.

À ce propos, le juge a renchéri : « À ce stade-ci, je n’ai pas l’ombre d’un début de preuve que leur motivation est autre chose que d’avoir été choqués parce que M. Salvail se présentait comme une personne qui n’avait jamais franchi la ligne. »

Le juge Alexandre Dalmau rendra sa décision au sujet de cette requête en autorisation d’une contre-preuve le 4 septembre prochain.