Le chef de gang Gregory Woolley, considéré par la police comme un acteur influent du crime organisé montréalais ayant des liens autant avec les motards que la mafia, ne pourra aller en maison de transition comme il le souhaitait.

Woolley, 48 ans, vient d’essuyer un refus des commissaires aux libérations conditionnelles, qui considèrent que malgré quelques progrès réalisés depuis sa dernière incarcération, le chef de gang représente toujours un risque important pour la société.

« Selon vos intervenants, votre criminalité en est une de choix, consciente et calculée pour satisfaire un ego surdimensionné, un besoin de plaire et de contrôler, et alimentée par des fréquentations nombreuses dans le milieu criminel et une importante notoriété. »

« La commission a tenu compte que vous avez commis des crimes particulièrement sérieux considérant ce que la drogue peut avoir sur la société en général et son effet de levier sur la criminalité en particulier. Vos crimes sont d’autant plus sérieux que vous êtes relié à une organisation criminelle et que vous étiez haut placé dans la pyramide organisationnelle. De plus, la commission a tenu compte dans sa décision que vous en êtes à votre troisième sentence fédérale et qu’on ne relève pas d’accalmie criminelle chez vous », écrivent notamment les commissaires dans leur décision de 10 pages.

En conflit avec un codétenu

Ceux-ci soulignent également que Woolley n’est pas un sujet d’intérêt relativement à une possible implication dans des activités illicites au pénitencier depuis le début de son incarcération mais qu’il l’est tout de même en raison de ses fréquentations avec des individus liés au crime organisé à l’intérieur des murs, et qu’il participe aux activités organisées par ceux-ci.

Les commissaires indiquent que Woolley entretient des rapports cordiaux avec les membres du personnel et ses codétenus mais que les rapports de renseignement « laissent croire qu’il aurait un conflit important avec un autre détenu ».

Lors de son audience à laquelle les journalistes n’ont pu assister en raison de la pandémie de la COVID-19, Greg Woolley a dit, selon le rapport, avoir coupé les ponts avec ses relations criminelles à l’extérieur et que bien qu’il les côtoie en établissement, cela ne signifie pas qu’il est impliqué dans des activités criminelles au pénitencier.

PHOTO COURTOISIE

Gregory Woolley (dernier de la banquette du bas, à droite, avec un sac en bandoulière) a partagé un souper avec plusieurs individus liés aux motards, au pénitencier, le 31 août dernier.

« Bien que vous ayez changé d’attitude au pénitencier, il est apparu en audience que le nombre de choses que vous avez apprises en cours d’incarcération est plutôt limité. Dans vos échanges avec la commission, vous continuez de minimiser votre implication et ses conséquences. Vous n’assumez pas l’entière responsabilité de vos délits. Vous ne semblez pas avoir de regrets ou de remords, sinon en regard des conséquences que vos crimes ont eu pour vous. Vos réponses contiennent de nombreuses distorsions cognitives et de toute évidence, vous auriez eu besoin de compléter le programme interrompu à cause du virus. Vous en aviez d’autant plus besoin que vous êtes un individu qui partait de loin considérant que vous avez intégré dès l’adolescence les valeurs du milieu criminel et que vous les avez cultivées jusqu’au sommet de la pyramide. En somme, la commission est d’avis que votre cheminement carcéral s’inscrit sur une trajectoire de changement mais que ceux-ci demeurent embryonnaires », écrivent encore les commissaires dans leur décision.

Gregory Woolley purge actuellement une peine de huit ans de pénitencier pour gangstérisme et trafic de stupéfiants, à la suite de son arrestation à l’automne 2015 dans l’opération Magot-Mastiff par laquelle la Sûreté du Québec a décapité une alliance motards-mafia-gang qui dirigeait le crime organisé montréalais.

En plus de lui refuser sa semi-liberté, les commissaires imposent déjà à Gregory Woolley de sévères conditions à respecter lorsqu’il sera libéré d’office — après avoir purgé les deux tiers de sa peine — l’automne prochain.

Woolley devra demeurer dans un endroit spécifique et respecter un couvre-feu de 23 h à 6 h. Il ne pourra fréquenter toute personne ayant des antécédents criminels ou étant liée à une organisation criminelle. Il ne pourra fréquenter les établissements licenciés. Il devra divulguer toutes ses transactions financières et ne pourra posséder plus d’un appareil de communication.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, ou écrivez à drenaud@lapresse.ca.