Un présumé trafiquant d’héroïne a été blessé aux jambes après avoir reçu plusieurs projectiles d’arme à feu, dans la nuit de dimanche à lundi, à Repentigny, au nord-est de Montréal.

Fatih Solmaz, 38 ans, a appris La Presse, revenait à sa maison de la rue des Chicoutais, dans le quartier Valmont-sur-Parc, peu avant minuit, et venait de sortir de son véhicule, lorsqu’une voiture s’est approchée et que le conducteur a vidé son arme en direction de la victime, a raconté l’agent Bruno Marier de la police de Repentigny.

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Fatih Solmaz

« Rapidement, nous avons eu une description du véhicule suspect de la part d’un témoin et le tireur a été intercepté alors qu’il sortait du quartier. Le suspect est actuellement interrogé par les enquêteurs et il comparaîtra demain, au Palais de justice de Joliette, vraisemblablement pour être accusé de tentative de meurtre », affirme M. Marier.

La victime, Fatih Solmaz, qui a déjà obtenu son congé de l’hôpital, n’a pas un imposant casier judiciaire ; il a été condamné à une sentence suspendue après avoir été reconnu coupable de trafic de cocaïne en décembre 2008, mais il est très connu des forces policières.

En 2013, lors d’une audience devant la Régie des alcools, des courses et des jeux, l’enquêteur du SPVM aujourd’hui retraité Philippe Paul a décrit Solmaz comme un trafiquant d’héroïne lié au crime organisé turc.

Le policier a dit que Solmaz dirigeait une ligne de distribution d’héroïne sur appel, et qu’il avait sous lui des gens qui faisaient de la livraison à domicile, en voiture. Solmaz aurait travaillé pour un certain Attila Gascar, disparu au début des années 2010 et jamais revu depuis, et aurait pris du galon à la suite de la disparition de ce dernier, a raconté Philippe Paul.

Dans la décision de la RACJ, on peut également lire que Solmaz et un complice auraient été impliqués dans une agression armée en 2007, que Solmaz a été accusé de tentative de meurtre et de possession d’arme en juin 2008-il a été acquitté-et que lui et un autre individu, Mustafa Caya, auraient été impliqués dans une tentative de meurtre avec décharge d’arme à feu d’un véhicule en mouvement en novembre 2010.

Plus récemment, en 2017, lors de l’enquête sur remise en liberté d’individus accusés de trafic d’héroïne, un enquêteur du SPVM, Sébastien Létourneau, a décrit Solmaz « comme la tête dirigeante du crime organisé turc-kurde qui distribue de l’héroïne à Montréal ».

Selon les documents de la RACJ et les témoignages de la police, Solmaz aurait, ou aurait eu, des intérêts dans des pizzérias.

Son nom aurait également rebondi lorsque des incendies criminels ont visé des pizzérias dans la grande région de Montréal il y a quelques années.

Menacé d’expulsion

Solmaz fait l’objet d’une mesure de renvoi vers son pays d’origine, la Turquie, car il est interdit de territoire au Canada pour grande criminalité. Il a toutefois obtenu récemment d’être entendu par la Cour d’appel fédérale.

Solmaz est résident permanent au Canada depuis 2005.

Dans une décision rendue en mai 2019 par la Cour fédérale, il est écrit que la Section d’appel de l’immigration, en plus de lui reprocher des actes criminels et son rôle dans une organisation structurée, a conclu que le style de vie de Solmaz ne concordait pas avec les revenus qu’il déclarait, le salaire étant relativement faible et le style de vie élevé.

«Alors qu’il a déclaré des revenus relativement très faibles entre 2006 et 2015, même que certaines années il n’avait pas de revenu du tout, en 2011 il a acheté une maison de 360 000$ avec un prêt hypothécaire de 230 000$. Il a aussi acheté une voiture de luxe et profitait de trois à quatre voyages à l’étranger par année. Lorsque confronté à ce paradoxe, le demandeur a répondu qu’il avait demandé plus d’heures de travail de son employeur. Il a également ajouté qu’il avait gagné une grosse somme au casino, sans toutefois déposer de documents corroborant cela», peut-on notamment lire dans la décision.

Durant les procédures, deux enquêteurs du SPVM ont été entendus, dont l’un qui a déclaré que Solmaz aurait commis des crimes pour appuyer le groupe Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Solmaz a fait valoir qu’il a été acquitté ou jamais accusé pour la plupart des gestes reprochés. Il a également demandé une mesure spéciale fondée sur des considérations d’ordre humanitaire.

Le juge Richard Bell de la Cour fédérale lui a donné raison en concluant que le processus «n’était pas transparent ni intelligible».

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à
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