(Saint-Jérôme) Même si les audiences sur la peine du meurtrier Ugo Fredette ont lieu ce printemps, les autorités carcérales ne sont visiblement pas pressées de remettre à la Couronne un important rapport d’évaluation de sécurité. Or, le ministère public n’entend certainement pas attendre des années pour mettre la main sur ce rapport.

« On a fait des demandes en bonne et due forme et rapidement. On nous a informés que le délai était de deux à trois ans. J’ai été un peu étonné de cette réponse. On les a informés de l’urgence », a expliqué mercredi matin le procureur de la Couronne MSteve Baribeau.

À la suggestion de la juge Myriam Lachance, le procureur déposera un subpoena pour contraindre un responsable de Service correctionnel Canada à déposer leur rapport sur l’évaluation de la cote de sécurité d’Ugo Fredette. Vêtu d’un chandail blanc, l’homme de 44 ans est demeuré attentif pendant toute l’audience dans le box des accusés.

Ce rapport d’évaluation s’avère pertinent dans le contexte des observations sur la peine à imposer à Ugo Fredette, reconnu coupable l’automne dernier des meurtres au premier degré de sa conjointe Véronique Barbe et du septuagénaire Yvon Lacasse en septembre 2017.

La Couronne réclame l’application de la loi sur les peines consécutives pour le condamner à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 50 ans. Cette loi permet aux tribunaux d’ordonner que les périodes d’inadmissibilité à la libération conditionnelle soient purgées de façon consécutive pour chaque meurtre.

Mais avant de débattre de la constitutionnalité de la loi, la Couronne entend faire témoigner le psychiatre Gilles Chamberland en mai prochain. « [Son rapport] va être sur la dangerosité [de Fredette], le genre de personnalité de l’accusé, à qui on a affaire », a indiqué en cour MBaribeau.

Les avocats de la défense MLouis-Alexandre Martin et MPhilippe Comptois feront appel au psychiatre Louis Morissette pour brosser un portrait différent de leur client. D’autres témoins pourraient également être appelés à la barre lors des audiences.

Les parties plaideront ensuite en mai et en juin prochain l’aspect constitutionnel de la loi. La juge Lachance prévoit toutefois attendre la décision de la Cour d’appel dans le dossier du tueur de la mosquée de Québec Alexandre Bissonnette pour « trancher ultimement ». Condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 40 ans, le jeune homme conteste la constitutionnalité de sa peine. La cause a été entendue par la Cour d’appel en janvier dernier.

La Couronne entend également demander à la Cour d’interdire à Ugo Fredette d’entrer en contact avec l’enfant qu’il a pris dans sa cavale meurtrière en septembre 2017.