La fille de Joseph Sarikakis, tué en plein jour en 2016 dans un quartier résidentiel de Montréal, a livré un témoigné bouleversant jeudi devant le meurtrier Youness Aithaqi. « C’est OK, je vous pardonne. Vous voyez que le karma a fait son travail », a dit la jeune femme, inconsolable, à celui qui a été reconnu coupable, vendredi dernier.

Depuis le meurtre de son père, la jeune femme à peine sortie de l’adolescence s’en veut d’être « restée au lit » au lieu d’être allée voir son père, le matin du crime. « Si j’avais été là, vous auriez pris ma vie aussi », a-t-elle exprimé en pleurs, jeudi en salle d’audience.

« Imaginez, une fille de 16 ans qui aurait préféré mourir avec son père que de vivre la douleur qu’elle doit maintenant endurer chaque jour », a-t-elle soufflé, alors qu’elle tremblait de tout son corps.

Le meurtrier Youness Aithaqi est resté inexpressif malgré les confidences crève-cœur de la fille de sa victime, qui portait un chandail noir où on pouvait voir une photo de son père.

PHOTO COURTOISIE

Youness Aithaqi

L’homme de 30 ans a été reconnu coupable par un jury du meurtre au premier degré de Joseph Sarikakis, commis le 18 août 2016 dans Ahuntsic-Cartierville, en plein jour et devant plusieurs témoins. Il écope donc automatiquement de la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE AU PROCÈS

Après le décès de son père, la jeune adulte a dit avoir subi une dépression et fait plusieurs crises de panique et d’anxiété. De peine et de misère, malgré le deuil invivable, elle poursuivait ses études secondaires. Elle se recueillait régulièrement sur la tombe de Joseph Sarikakis où elle lui lisait des livres à voix haute.

En juin 2018, elle est retournée sur sa tombe pour lui montrer sa robe de graduation. « J’étais la petite fille de papa », a confié la jeune femme, inconsolable.

« Mais aujourd’hui, je ne suis pas venue pour vous crier dessus et vous dire à quel point je suis en colère. Aujourd’hui, je suis venue vous dire que je vous pardonne. Parce que je sais au plus profond de moi-même que vous êtes faible, que vous êtes blessé ou en colère, à cause de vos propres problèmes », a dit la fille de Joseph Sarikakis.

Dans la salle d’audience, la mère de la jeune femme pleurait abondamment en écoutant sa fille.

« Je vais être en deuil jusqu’à la fin de ma vie », a confié sa mère, à la barre des témoins. Même si elle n’était plus la conjointe de M. Sarikakis, elle le considérait toujours comme son « meilleur ami, âme sœur et roc ».

La juge Myriam Lachance a remercié les deux femmes et a souligné « leur courage » de s’être adressé à la cour.

Alors qu’il en avait l’occasion jeudi, Youness Aithaqi n’a pas voulu prendre la parole.

Me Alexis Dinelle et Me Nadia Bérubé représentaient le ministère public, alors que Me Christina Nadelcu et Me Mylène Lareau défendaient le meurtrier.