Un an après le décès de leur mère, morte de froid à l’extérieur de la résidence pour aînés de l’est de Montréal qu’elle occupait, la famille Duceppe réclame 1,25 million de dollars aux résidences Lux Gouverneur.

Le 20 janvier 2019, Hélène Rowley Hotte Duceppe, 93 ans, avait été trouvée morte à l’extérieur des résidences Lux Gouverneur après s’être retrouvée embarrée à l’extérieur, dans un froid intense, à la suite du déclenchement d’une alarme d’incendie.

« Les mécanismes déficients qui étaient en vigueur et les agissements des représentants du Lux Gouverneur ont rendu hautement probables les événements tragiques ayant causé la mort de madame Duceppe. À regret, nous venons de déposer une demande introductive d’instance au palais de justice de Montréal alléguant que l’insouciance, la négligence du personnel et de mauvais protocoles des résidences Lux Gouverneur ont coûté la vie à madame Duceppe », a déclaré ce matin l’avocat Marc-Antoine Cloutier, qui représente la famille.

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Le 20 janvier 2019, Hélène Rowley Hotte Duceppe (à droite), 93 ans, avait été trouvée morte à l’extérieur des résidences Lux Gouverneur après s’être retrouvée embarrée à l’extérieur, dans un froid intense, à la suite du déclenchement d’une alarme d’incendie.

Inacceptable

Pour une rare fois depuis les événements, trois des enfants de Mme Rowley Hotte Duceppe ont accordé des entrevues aux médias ce matin. Monique, Yves et Gilles Duceppe décrivent leur mère comme une femme « déterminée » qui était en très bonne santé au moment de son décès.

Quelques heures avant sa mort, Gilles Duceppe lui avait d’ailleurs rendu visite. Il se souvient que sa mère venait d’aller se faire coiffer au centre-ville. « Elle était en forme. Elle lisait ses journaux tous les matins », dit-il.

Les enfants Duceppe avaient convaincu leur mère d’aller dans cette résidence entre autres pour la sécurité. « C’est pour ça qu’on l’avait convaincue d’aller là. On lui a dit : “à ton âge, tu vas être bien” », mentionne M. Duceppe, qui déplore que « les mesures de sécurité promises n’ont pas été appliquées ».

La famille se dit aujourd’hui encore remplie de tristesse, et animée par la « volonté que justice soit rendue ».

« Il faut que ça bouge »

Gilles Duceppe et ses frères et sœurs déplorent que depuis le décès de leur mère, les règles entourant la certification des résidences pour aînés n’aient pas été resserrées au Québec. « Il faut que ça bouge », affirme Gilles Duceppe, qui estime qu’actuellement, force est de constater que la sécurité des aînés n’est pas garantie dans les résidences privées pour aînés, mais aussi dans les lieux d’hébergement publics. « Plutôt que de débattre si on va payer la sécurité du prince et de la princesse, on pourrait peut-être mettre de l’argent sur les personnes âgées », dit-il.

« Ces gens-là ont travaillé toute leur vie, ont payé des impôts toute leur vie. Ils méritent un peu de respect », affirme Monique Duceppe.

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Yves, Gilles et Monique Duceppe

En juillet dernier, la famille Duceppe avait mis en demeure les résidences Lux Gouverneur. Des discussions ont eu lieu entre les parties dans les derniers mois. Mais un « fossé important » demeure, selon Me Cloutier.

Selon l’avocat, un débat de société important se tiendra sur « la responsabilité des résidences de ce type-là dans la sécurité de leurs résidents ». Pour Me Cloutier, ce débat juridique pourrait avoir « un impact important sur la manière dont les résidences comme celle-là vont assurer leurs responsabilités pour le futur ».

Car actuellement, les aînés sont de plus en plus nombreux à aller dans des résidences, qui « vendent quelque chose de particulier », soit « le luxe, la sécurité, la prise en charge », dit Me Cloutier. Selon lui, « ce qu’on vend détonne de la réalité », au Lux, mais aussi ailleurs, et il faut « éveiller les consciences sur cet enjeu ».