Le père d’un garçon de deux ans mordu au visage par un dangereux pitbull a reçu vendredi une peine de huit mois de prison pour sa négligence criminelle. L’homme de 28 ans a commis un geste « objectivement très grave pour un parent », a tranché la juge Nathalie Duchesneau, en rejetant catégoriquement la peine clémente réclamée par la défense.

« L’accusé a fait preuve d’irresponsabilité en ne se souciant pas des conséquences ou des risques prévisibles de blessures associés à sa propre conduite. […] [Il a] failli au devoir qui lui incombe, de protection de son enfant totalement vulnérable en raison de sa propre négligence », a conclu la juge. Le nom du père ne peut être révélé pour protéger l’identité du bambin.

Le drame est survenu le 15 septembre 2016 à la résidence du grand-père de la victime à Montréal. Le père négligent a alors confié la surveillance de son fils de deux ans à son frère adulte afin d’aller faire une course. Or, son frère est atteint d’une déficience intellectuelle et demeure incapable d’habiter seul. Jamais l’accusé n’a prévenu son père de son départ, alors que ce dernier s’occupait de sa fille lourdement handicapée.

Le bambin s’est ainsi retrouvé, seul, dans la pièce de l’appartement où restait le pitbull de son grand-père. Ce chien reconnu pour sa dangerosité avait déjà mordu des enfants et attaqué un autre chien. Il devait donc porter une muselière. L’enfant affichait une blessure au visage lorsque son grand-père est arrivé sur les lieux. Il n’a heureusement pas gardé de séquelles. Une policière a raconté au procès avoir eu « peur » du chien lors de son intervention. Ce dernier a été euthanasié.

La décision du père de confier son fils à son frère intellectuellement limité près d’un chien dangereux comportait un « potentiel danger flagrant et totalement prévisible », avait indiqué la juge en le reconnaissant coupable de négligence criminelle causant des blessures en avril dernier. Sa responsabilité demeure ainsi « entière et élevée », a ajouté la juge vendredi. Celle a relevé peu de facteurs atténuants dans sa décision.

La juge s’est dite d’ailleurs inquiète du « mécontentement » de l’accusé de s’être vu interdire de posséder un chien de plus de 30 livres et d’avoir dû se débarrasser de son propre pitbull à l’époque. Cela démontre « qu’il ne semble définitivement toujours pas saisir l’ampleur du danger encouru », analyse la juge.

L’avocate de la défense Me Nada Boumeftah réclamait un sursis de peine (sentence suspendue) assortie d’une probation et de travaux communautaires, une suggestion complètement rejetée par la juge. La procureure de la Couronne Me Anne-Marie Émond demandait un an de prison et une probation de trois ans.

La juge a tranché en imposant huit mois d’incarcération à l’accusé, ainsi qu’une probation de deux ans pendant laquelle il lui sera interdit de posséder un chien de plus de 30 livres et de mettre en contact son fils avec un tel chien.