Le policier de Longueuil Marc-Olivier Perron a été reconnu coupable jeudi d’abus de confiance par un fonctionnaire public, mais a été acquitté d’utilisation frauduleuse d’un ordinateur, au troisième jour des délibérations du jury. Le policier a téléchargé sans autorisation 2400 fichiers « sensibles » sur l’ordinateur de la responsable du contrôle des informateurs du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL).

« Nous sommes satisfaits du verdict. Il est important de démontrer pour l'intégrité du système de justice, que les gens ne peuvent mettre en péril l'identité des personnes qui collaborent avec les policiers, le système judiciaire est là pour s'assurer de protéger ce privilège », a réagi la procureure de la Couronne Me Geneviève Beaudin.

Selon la preuve, le policier s’est rendu dans les locaux du Bureau d’analyse des renseignements (BARC), le soir du 17 mars 2016, pour accéder pendant plus d’une heure à l’ordinateur de sa collègue. Celle-ci avait noté son mot de passe – Qwerty12 – sur un calepin de notes.

Marc-Olivier Perron, décrit comme un « crack » d’informatique, a alors copié sur une carte mémoire des centaines de fichiers sensibles. Il n’a prévenu personne de son initiative, pas même son supérieur, jusqu’à son arrestation quelques semaines plus tard. La Couronne n’a présenté aucune preuve sur son mobile. On ignore également s’il a utilisé ces documents d’une quelconque façon.

Dans sa plaidoirie au jury, Me Beaudin a toutefois suggéré que l’accusé a peut-être voulu nuire à sa collègue pour la chasser du BARC. « Est-ce que ce soir-là, M. Perron n’a pas voulu démontrer à quel point Mme Turgeon était incompétente et qu’elle n’aurait pas dû être embauchée au BARC? Est-ce que c’est une simple erreur de jugement de sa part ou il a franchi une ligne criminelle?», a lancé Me Beaudin.

Pour sa défense, Marc-Olivier Perron a expliqué avoir agi ainsi dans le but de « tester une faille de sécurité » possiblement « dommageable » pour le SPAL. Son supérieur, le lieutenant-détective Martin Valiquette, lui avait d’ailleurs demandé de « hacker » les systèmes informatiques pour vérifier les failles de sécurité dans les mois ayant précédé les crimes. Il avait ainsi préparé un rapport « d’espionnage corporatif ».

Selon l’accusé, il était important d’accéder à l’ordinateur de sa collègue pour « démontrer » la brèche de sécurité. « Il ne faut pas juste dire : c’est possible. Il faut faire une démonstration. […] C’est l’une des seules manières de faire évoluer la sécurité dans nos services, de façon réelle », a-t-il expliqué au jury.

L’avocate de Marc-Olivier Perron, Me Ariane Bergeron-St-Onge, a plaidé la semaine dernière que la Couronne avait été « incapable de prouver un mobile ».

« Il n’y a aucune preuve qui supporte qu’il ait vendu ces informations au crime organisé. Son téléphone a été analysé, il n’a eu aucun échange avec des criminels. Il n’avait pas de difficultés financières. Aucun fichier téléchargé ce soir-là ne concerne l’identité des sources », a fait valoir Me Bergeron-St-Onge.

« Tout n’est que spéculation. On ne connaît pas la nature des documents, ils n’ont pas été déposés en preuve. On se sert du criminel pour faire de la discipline », a-t-elle plaidé.

Les observations sur la peine auront lieu en mars prochain. Marc-Olivier Perron risque une peine maximale de cinq ans de détention pour son crime.

- Avec Daniel Renaud, La Presse