(Montréal) Le conseil municipal de Mont-Tremblant a pris la décision d’abolir son corps de police lors d’une séance extraordinaire mercredi soir. La Fédération des policiers municipaux du Québec (FPMQ) demande la tenue d’un référendum alors qu’un groupe de citoyens dénonce une décision inacceptable qui risque de nuire à leur service de proximité.

Les élus de Mont-Tremblant demandent au ministère de la Sécurité publique, dans une résolution adoptée à l’unanimité, d’abolir son service de sécurité publique et que son territoire soit desservi par la Sûreté du Québec (SQ), selon ce qu’a appris La Presse canadienne mercredi soir.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Le territoire de Mont-Tremblant sera desservi par la Sûreté du Québec (SQ).

Selon un avis de consultation publique mis en ligne par l’administration municipale, le changement de corps policier permettrait « des économies annuelles nettes qui seront situées entre 1460 000 $ et 2580 000 $ pour les cinq premières années de l’entente » avec la SQ.

David Dupras, qui milite au sein du groupe « Ensemble contre l’abolition de notre police municipale à Mont-Tremblant », craint de perdre des services de proximité, s’il y a un transfert de la desserte policière à la Sûreté du Québec.

« On a une police très proche des citoyens, très proche des jeunes, la plupart des policiers sont des coachs pour des équipes sportives, et ils font un énorme travail de prévention. On est inquiet de perdre ce travail de prévention en passant à la SQ » a résumé David Dupras.

Selon lui, c’est grâce à « l’énorme travail de prévention » des policiers de la municipalité « qu’il n’y a eu aucun vol qualifié à Mont-Tremblant dans la dernière année. »

Avec des coûts estimés à près de 11 millions de dollars en 2019, la sécurité publique représente la dépense la plus importante du budget de la ville.

« On est au courant que c’est une grosse dépense, mais on l’accepte sur notre compte de taxes », a fait valoir David Dupras à La Presse canadienne.

« Avec un million de touristes qui passent dans la ville chaque année, alors qu’on est seulement 10 000 résidents permanents, c’est certain que le service de police doit être ajusté en conséquence, mais on a toujours implicitement accepté de payer plus (que les autres villes de même taille) pour notre service », a-t-il ajouté.

La Presse canadienne n’a pas été en mesure de rejoindre le maire Luc Brisebois mercredi soir, mais un communiqué de presse a été transmis tard en soirée.

Dans une déclaration attribuée au maire, on peut lire que les élus ont « pris tout le temps nécessaire de lire la totalité des lettres, des mémoires et des courriels envoyés par (les) citoyens et citoyennes ». Il ajoute que la décision a été difficile, mais qu’elle devait être prise.

« Je l’ai toujours dit, l’ensemble de nos policiers ont fait du bon travail, mais à un moment donné il faut agir en leader et prendre la bonne décision pour le bien commun », affirme M. Brisebois par voie de communiqué.

Selon un document mis en ligne par son administration avant la séance extraordinaire du conseil, si le ministère de la Sécurité publique accepte la demande de Mont-Tremblant, « la grande majorité des policiers continueront à travailler sur le territoire de la Ville de Mont-Tremblant et les cadres conserveront leur statut de cadre à la Sûreté du Québec. »

L’administration de Luc Brisebois a également indiqué, dans le même document, que « la Ville offrira prioritairement à la Sûreté du Québec les biens dont elle n’aura plus besoin, lesquels seront évalués par la Sûreté du Québec avec une possibilité de rachat. La Ville mettra en vente par la suite les biens qui n’auront pas été acquis par la Sûreté du Québec. »

Les élus municipaux ont organisé deux consultations publiques sur le projet de remplacement du corps de police dans les derniers mois, avant de dévoiler leur décision.

La FPMQ veut un référendum

Le président de la Fédération des policiers municipaux du Québec, François Lemay, dit se poser de sérieuses questions sur la légitimité du conseil municipal de Mont-Tremblant en raison de la forte mobilisation populaire. Celui-ci souligne que les gens ont marché, manifesté, fait des représentations auprès des élus pour conserver leur service de police.

Selon lui, il n’y a qu’une seule chose à faire pour avoir l’avis des citoyens, c’est de tenir un référendum sur cette question.

« Il n’y a rien d’autre que ça qui va ramener la confiance du public envers leurs élus, envers leurs conseillers, envers monsieur le maire », a déclaré M. Lemay en entrevue téléphonique.

D’après le président de la FPMQ, ce n’est pas l’argument financier qui a pesé dans la balance, mais plutôt une question de relations de travail. Un conflit entre des policiers et la ville se serait retrouvé devant les tribunaux et la dissolution du service de police serait une manière de se débarrasser du problème, croit M. Lemay.

« Ils vont détruire un service à l’encontre de la volonté de leur population simplement pour une raison de relations de travail et ça n’a aucun sens, s’insurge-t-il. Même s’il y a des plaintes de déposées, on a offert à la Ville de Mont-Tremblant de régler l’ensemble du dossier. »

François Lemay ajoute que les policiers de Mont-Tremblant auraient même offert de signer une convention collective de cinq ans.

« Ces gens-là avaient une idée en tête. Ces gens-là avaient déjà décidé d’avance de passer à la Sûreté du Québec », estime-t-il.