Un livreur ralentit sa camionnette pour trouver une adresse. Un enragé perd patience, place son véhicule parallèle au sien, baisse sa vitre et tire sur lui à bout portant, avant de déguerpir. Cette scène qu’on imagine sortie d’un film de gangsters s’est pourtant déroulée ici, à Montréal, en plein après-midi, lundi. Un présumé cas de rage au volant rarissime qui, fort heureusement, n’a fait aucun mort.

Un conflit entre deux conducteurs a atteint des proportions démesurées, lundi après-midi. Vers 13 h 40, deux hommes circulaient en direction est sur la voie de desserte de l’autoroute 40, tout juste avant la sortie Langelier, dans l’arrondissement de Saint-Léonard. Selon ce qu’a appris La Presse, un chauffeur de 23 ans de l’entreprise de livraison Monsieur Livre-Tout, établie à Saint-Jean-sur-Richelieu, aurait coupé la voie de droite avant de ralentir, à la recherche d’une adresse.

Le conducteur de l’autre véhicule impliqué aurait placé sa voiture en position parallèle à la camionnette de la victime, aurait baissé sa vitre et aurait tiré sur le conducteur avec une arme à feu pour ensuite fuir les lieux.

« Le véhicule suspect est une voiture blanche, quatre portes, et son conducteur est considéré comme un témoin important », a rapporté l’agente Caroline Chèvrefils, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal, en soirée. Le principal suspect était toujours en cavale au moment d’écrire ces lignes.

Des témoins ont porté assistance à la victime, blessée par le coup de feu et rapidement transportée à l’hôpital.

« Il n’y a jamais eu de danger pour sa vie. La victime va bientôt pouvoir parler aux enquêteurs, parce que la rage au volant est une bonne hypothèse, mais on n’a rien de précis pour l’instant », a précisé l’agente Chèvrefils, confirmant que la victime est un jeune homme sans histoire, inconnu des milieux policiers.

Il y a un gros travail d’enquête en cours, avec toutes les possibilités d’images de caméras de surveillance étant donné qu’il y a plusieurs commerces autour. Les enquêteurs vont tenter de comprendre où et comment ça a commencé.

Caroline Chèvrefils, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal

Les témoins de la scène peuvent se rapporter à leur poste de quartier ou joindre les services policiers par le 911.

La police ne relie pas cet événement à celui de dimanche, alors qu’un homme est mort et que trois autres personnes ont été blessées dans une fusillade survenue dans l’est de Montréal.

« C’est une tentative de meurtre »

Éric Lamontagne, avocat spécialisé en défense d’infractions routières, croit que si un suspect est arrêté, les probabilités sont très élevées que les accusations soient déposées selon le Code criminel et non selon le Code de la sécurité routière. Bien que les infractions aient été commises au volant d’un véhicule, elles ne sont pas relatives à la conduite automobile, explique l’homme de loi.

C’est un cas très extrême et ça mérite des accusations très sérieuses.

Me Éric Lamontagne, avocat spécialisé en défense d’infractions routières

« Dans ce cas-là, on met les infractions au Code de la sécurité routière de côté. On est une couple de coches au-dessus », explique l’avocat. « Je n’ai pas tous les détails, mais ce qui est clair et net, c’est qu’on parle de l’utilisation d’une arme à feu et on est vraiment dans le sérieux. On peut certainement penser à conduite dangereuse, délit de fuite dans le but d’éluder sa responsabilité criminelle et tentative de meurtre. Il a tenté de le tuer, carrément. Et s’il voulait juste le blesser, il n’a pas choisi la bonne arme ! »

Avec plus de deux décennies d’expérience dans le domaine des infractions routières, l’avocat Éric Lamontagne en a vu de toutes les sortes, mais jamais de l’intensité de l’événement de lundi à Montréal.

« On va voir ça aux États-Unis. Si tu vas regarder les vidéos de Road Rage America sur YouTube, tu en vois, des situations ! Du monde qui se frappe dessus, qui détruit la voiture de l’autre… Mais encore, sortir un gun et tirer ? C’est réellement extrême », souligne MLamontagne.

N’empêche, en 22 ans de pratique, quelle place occupent les cas de rage au volant dans son cabinet ?

« J’en vois assez souvent, c’est réellement fréquent, mais à divers niveaux : quelqu’un qui donne un coup de roue, quelqu’un qui freine devant quelqu’un d’autre, expose-t-il. Il y a des régions plus à risque. Montréal. Avec tous les cônes, le trafic, les gens qui courent après leur temps, on en voit beaucoup plus à Montréal qu’à Saint-Hyacinthe, disons. Il ne faut pas oublier que c’est de l’impatience, la rage au volant. Ou encore la combinaison de tous les problèmes de circulation combinés aux distractions au volant qui viennent mettre de l’huile sur le feu. »

Les conseils du SPVM en cas de rage au volant

– S’il y a un conflit sur la route et qu’une des parties semble agressive ou violente, il vaut mieux contacter le 911.
– Prenez soin de bien verrouiller vos portes et de fermer vos fenêtres.
– Ne sortez jamais de votre véhicule pour essayer de calmer la personne qui vous en veut. Attendez simplement que les policiers arrivent.
– Observez attentivement le suspect et prenez en note le numéro de plaque de son véhicule. Cela aidera grandement les policiers si le suspect quitte les lieux avant leur arrivée.