Danseuses qui offrent différents services sexuels avec une liste de prix, trafic de stupéfiants, présence de motards, clients en état d’ébriété qui utilisent leur véhicule, bagarres, menaces : la police de Mirabel en a assez du bar Le Garage, dont les propriétaires sont convoqués devant la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ), et risquent de voir leurs permis être révoqués.

La police dit avoir reçu 99 appels téléphoniques pour des actes de violence et des atteintes à la tranquillité publique en quatre ans, entre les mois de janvier 2015 et 2019, selon l’avis de convocation de la RACJ obtenu par La Presse

Sans compter des informations de sources qui ont incité la police de Mirabel à enquêter sur des allégations de trafic de stupéfiants et de prostitution en 2015.

Ces allégations de prostitution voulaient que les danseuses du bar aient sollicité les clients et offert des services sexuels à des coûts allant de 75 $ pour une fellation à 500 $ pour une cabine privée avec trois ou quatre filles.

« Il y aurait des condoms usagés laissés au sol, dans les salles. Les danseuses utiliseraient parfois des chambres qui se situent au-dessus du bar. Les responsables seraient au courant de cette pratique », peut-on lire dans l’avis de convocation. 

Une enquête impliquant des agents d’infiltration a été déclenchée par la police, « et les agents se sont fait confirmer que cette pratique était réellement offerte, et que seules les plus anciennes danseuses qui travaillent à ce bar peuvent le faire », ajoute-t-on dans le document, sans révéler les méthodes utilisées pour cette partie de l’enquête.

En ce qui concerne le trafic de stupéfiants, une source décrivait un vendeur potentiel, aux cheveux frisés noirs, avec un pendentif en forme de croix, et une femme qui transportait la drogue dans son sac à main. Les policiers de Mirabel se sont fait passer pour des clients consommateurs et ont acheté à deux reprises de la cocaïne pour une somme de 50 $.

Lors d’une soirée, un agent d’infiltration discute avec une danseuse et lui demande s’il est possible d’obtenir des stupéfiants. Cette dernière répond dans l’affirmative. L’artiste de scène se procure elle-même la substance qu’elle remet à l’agent d’infiltration, après l’avoir récupérée auprès d’un vendeur de la place.

Extrait de l’avis de convocation

Portes tournantes de motards

La police déplore également la présence de nombreux motards dans l’établissement, notamment celle d’un membre des Hells Angels de Québec constatée le 23 novembre 2017.

Les policiers ont également observé des individus reliés aux motards au bar Le Garage en mai 2015, des membres des Hells Angels, des Dark Souls et des Devils Ghosts durant la fin de semaine du Bike et Tattoo Show de Laval en avril 2017, des membres des Minotaures et des Red Devils, dont certains portaient leur veste sur la terrasse, en juillet 2017, et plus de 10 membres des Hells Angels et de leurs clubs supporteurs lors du Full Throttle Grand National Show en septembre 2017.

L’avis de convocation souligne également la présence d’un membre des Red Devils, ami de cœur d’une employée du bar, en janvier 2018.

Le document relève aussi le retour au pays d’un individu en septembre 2017, après un séjour dans les prisons américaines. Le nom de l’homme n’apparaît pas dans l’avis, mais on peut en déduire qu’il s’agit d’Éric Grenier, ancien propriétaire de l’établissement. Éric Grenier a été emprisonné au Texas, pour trafic de cocaïne, entre 2014 et 2017. Ancien patron de la revue Québec Érotique, surnommé le Hugh Hefner québécois par certains médias, Grenier a été temporairement membre des Red Devils après son retour au Québec.

Collision mortelle

Parmi les autres évènements survenus au Garage, notons la présence de nombreux clients ayant des antécédents de trafic de stupéfiants, de clients visés par des mandats d’arrestation et de clients intoxiqués par l’alcool ou la drogue à bord de leur véhicule, dont l’un s’est tué en moto. 

Notons également des évènements de voie de fait contre des clients commis par des portiers, l’appel d’un homme qui a menacé de faire sauter le bar, les employés de l’établissement qui, à la suite d’une bagarre, ont refusé de remettre aux policiers les vidéos des caméras de surveillance, et une agression sexuelle.

La RACJ a déjà suspendu les permis du bar durant 17 jours en 2013. Les propriétaires du bar s’étaient alors engagés à prendre des mesures pour assurer la tranquillité publique, selon l’avis.

Les audiences débuteront le 12 décembre.

En octobre 2012, un portier du bar Le Garage, Dannick Lessard, a été atteint de neuf balles dans l’établissement et a miraculeusement survécu. 

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