Jean Edens Lindor a été condamné à sept ans de détention pour avoir tué, il y a deux ans, une travailleuse du sexe trans avec un sabre japonais à la suite d’une altercation. Une sœur de la victime a rendu hommage à Sisi Thibert, une « personne exceptionnelle » au « sourire contagieux » qui pensait toujours aux autres avant elle-même.

« Après deux ans, je n’ai toujours pas fait mon deuil et je me demande si je vais vraiment pouvoir le faire un jour », a écrit Caroline Thibert-Deschênes dans une lettre lue à la cour il y a deux semaines à l’étape de l’imposition de la peine de Jean Edens Lindor. L’homme de 26 ans a plaidé coupable en octobre dernier à un chef réduit d’homicide involontaire, alors que son procès pour meurtre au second degré devait s’amorcer.

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Sisi Thibert

La victime, Sisi Thibert, 26 ans, s’identifiait comme une femme, mais utilisait également son prénom masculin auprès de ses proches, ont confirmé à La Presse des membres de la famille. Le processus judiciaire s’est fait sous son nom officiel, Gerry Thibert-Deschênes. Son identité féminine n’a étonnamment jamais été évoquée pendant l’affaire, ni prise en compte comme étant un facteur aggravant par la cour.

Le crime remonte à la nuit du 17 au 18 septembre 2017 à Montréal. M. Lindor s’est présenté chez la victime pour obtenir ses services sexuels contre rémunération. Mais à la suite d’un rapport sexuel, un conflit a éclaté entre eux. « La victime pointe alors un couteau en direction de l’accusé, qui a une somme d’argent importante en sa possession et une altercation s’ensuit », indique le résumé commun des faits.

Jean Edens Lindor a pris un katana qui se trouvait dans l’appartement et a poignardé Sisi Thibert à la clavicule, une blessure mortelle. Il a ensuite pris la fuite nu avec le katana dans ses mains. Il a jeté l’arme dans une poubelle, puis a embarqué dans un train pour Toronto. Il a été arrêté des semaines plus tard.

La mort de Sisi Thibert laisse un grand vide dans la vie de sa mère et de ses six frères et sœurs, déplore sa sœur Caroline Thibert-Deschênes. « C’est malheureux, ses neveux et ses nièces ne pourront jamais voir à quel point il était drôle et plein de vie. […] Nous devons vivre avec la perte de notre frère, qu’on a aimé et qu’on aimera énormément toute notre vie. »

Depuis la mort de Sisi Thibert, sa mère souffre de problèmes de santé, a expliqué à la cour Mme Thibert-Deschênes. « Je ne crois pas qu’un jour la haine qu’elle ressent et la douleur qu’elle éprouve dans son cœur s’en iront. Elle a perdu le goût à sa vie », dit-elle dans la lettre. Sa sœur Tina se dit furieuse de la peine imposée, mais souhaite que Sisi puisse finalement « trouver la paix », a-t-elle confié à La Presse.

Suggestion commune

Jean Edens Lindor ne s’est pas adressé à la Cour, mais son avocate, Me Marie-Hélène Giroux, a présenté ses excuses à la famille en son nom.

Les parties ont présenté une suggestion commune de sept ans et quatre mois de détention au juge Éric Downs, qui l’a entérinée. Mais en tenant compte de la détention préventive, il lui reste environ quatre ans et deux mois à purger.

Pour justifier la suggestion commune, les parties ont relevé la reconnaissance de culpabilité de l’accusé, le fait que l’arme ne lui appartenait pas et qu’il n’y avait aucun témoin du crime. « Il y avait matière à supputation sur la façon dont les choses se sont déroulées », a indiqué la procureure de la Couronne.

De plus, en cas de procès, la défense aurait pu plaider une défense de provocation ou de légitime de défense et évoquer l’intoxication importante de la victime. De plus, M. Lindor n’avait aucun antécédent criminel de violence.