Un homme de 21 ans qui a agressé, étranglé et menacé de démembrer une adolescente a écopé vendredi d’une peine moindre de deux ans moins un jour de prison en raison de sa déficience intellectuelle, malgré son risque élevé de récidive. La jeune victime de Gerald Gauthier-Guitard souffre toujours d’importantes séquelles psychologiques.

« J’ai tout le temps des flash-back. Je repense au moment où il a essayé de me tuer ou quand il me forçait à faire des affaires que je ne voulais pas », a lâché d’un trait l’adolescente de 15 ans, en évitant le regard de son bourreau dans le box des accusés. Pendant près d’un an, la victime a fréquenté Gerald Gauthier-Guitard, un homme jaloux et colérique de six ans son aîné.

Six mois après la violente et sordide agression, la jeune fille a de la difficulté à dormir et peine à se concentrer à l’école. « Mon anxiété a empiré, par exemple, je perds mon souffle, je commence à trembler, ma tête tourne. Je fais un peu plus d’anxiété… Ça a un impact sur mes notes », a-t-elle confié à la cour.

L’adolescente a subi les foudres de son copain à deux reprises en avril dernier. Dans un bois près d’une école secondaire de Montréal, l’accusé l’a touchée contre son gré et l’a frappée à plusieurs reprises à la suite de son refus d’avoir une relation sexuelle.

Deux semaines plus tard, Gerald Gauthier-Guitard a lancé une menace troublante à sa copine, près d’un lac. « J’ai des ciseaux et une scie dans mon sac, je pourrais t’attacher sur la table et découper les membres de ton corps », a-t-il menacé, en enfilant des gants. « Tu penses-tu vraiment que je vais te laisser partir ? », a-t-il ajouté en éclatant de rire.

Gerald Gauthier-Guitard a alors poursuivi la victime et l’a étranglée en lui faisant une prise de l’encolure. Il l’a poussée par terre, l’a étranglée et l’a repoussée plusieurs fois en la traînant vers le bois. Un témoin a toutefois pu aller chercher du renfort à l’école. « Je ne t’ai pas tué », s’est ensuite excusé l’agresseur dans un message texte.

Encadrement important recommandé

Des faits « très perturbants et préoccupants », a résumé vendredi la procureure de la Couronne Me Annabelle Sheppard. Or, l’affaire n’est pas simple, puisque Gerald Gauthier-Guitard a le niveau intellectuel d’un enfant de 12 ans, selon des experts. Ceux-ci recommandent un encadrement important et l’imposition de plusieurs thérapies.

Ainsi, une peine de prison de deux ans moins un jour, en tenant compte de plusieurs mois de détention préventive, permet d’arriver à un équilibre entre la dissuasion, la réhabilitation et la protection de la société, a plaidé Me Sheppard. « Si ce n’était des recommandations des experts, c’est un cas qui militerait pour une peine plus lourde en termes d’années de prison », a-t-elle affirmé.

Selon son avocate Me Laurence Lavoie, Gerald Gauthier-Guitard a un « degré de culpabilité inférieur » en raison de sa « déficience intellectuelle », comme l’enseigne la jurisprudence. Une peine fédérale de pénitencier ne serait d’ailleurs pas appropriée, puisqu’il est « influençable et apprend par mimétisme ». Il aura droit à des thérapies appropriées en prison provinciale.

Le juge Claude Leblond a entériné la suggestion commune « raisonnable » des parties.

À sa peine s’ajoute une probation de trois ans avec suivi, une interdiction d’accéder aux réseaux sociaux pendant 10 ans et une inscription au Registre des délinquants sexuels pour 20 ans.