Sous le règne de Mouammar Kadhafi, la Libye était une économie basée sur le « patronage » où la corruption était « endémique », a expliqué un expert qui a conclu son témoignage jeudi au procès de Sami Bebawi, un ancien vice-président de SNC-Lavalin accusé d’avoir participé au versement de pots-de-vin au fils du dictateur.

Le professeur Diederik Wandewalle, de Dartmouth College, au New Hampshire, un spécialiste de la Libye, avait préparé un rapport à la demande des procureurs de la couronne pour expliquer « la façon dont les affaires étaient conduites en Libye pendant la période 2000-2011 ».  

PHOTO PAUL CHIASSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Sami Bebawi

Il a décrit un régime où le pouvoir était centralisé entre les mains de Mouammar Kadhafi et, à partir d’une certaine époque, de ses enfants. L’argent tiré de l’exploitation du pétrole était distribué à ceux qui étaient considérés loyaux envers le régime.

« Au fil du temps, les enfants Kadhafi se sont chacun taillé certaines sphères de l’économie de la Libye qu’ils considéraient comme “leur” territoire », a expliqué le professeur dans son rapport.

Un frère plus important que l’autre

En contre-interrogatoire, l’avocat de l’accusé, Me Alexandre Bien-Aimé, a toutefois questionné longuement l’expert sur les différences entre les différents enfants de Mouammar Kadhafi.

Le professeur a reconnu que c’était Saif al-Islam Kadhafi qui était l’héritier apparent de son père. « L’accent était beaucoup sur lui, on entendait plus parler de lui », a-t-il dit.

Un autre fils, Moatassem Kadhafi, avait été reçu aux États-Unis par la secrétaire d’État Hillary Clinton en 2009. Mme Clinton l’appelait « monsieur le ministre » et parlait d’accroître la coopération entre les États-Unis et la Libye, dans une vidéo présentée aux jurés.

Or, la preuve exposée au procès jusqu’ici concerne plutôt le versement de pots-de-vin à un troisième fils, Saadi Kadhafi, afin d’obtenir une aide pour SNC-Lavalin. Au sujet de ce dernier, le témoin a dit qu’« il n’était pas aussi important que son frère, on le négligeait un peu ».

Le professeur a toutefois précisé dans son rapport que Saadi Kadhafi lui avait été décrit au cours de plusieurs entrevues comme une personne qui pouvait faire marcher ou faire stopper des projets d’affaires en Libye.