Le paiement de pots-de-vins était devenu un «modèle d’affaire» pour SNC-Lavalin en Libye à une certaine époque, a déclaré la procureure de la couronne à l’ouverture du procès pour corruption de Sami Bebawi, ancien vice-président exécutif de l’entreprise.

L’ex-cadre est accusé de fraude, corruption d’agent public étranger, blanchiment d’argent et possession de biens volés. Dans son exposé introductif devant le jury ce matin, la procureure du Service des poursuites pénales du Canada, Me Anne-Marie Manoukian, a tracé les grandes lignes de la théorie de la couronne dans cette affaire.

SNC-Lavalin avait entrepris un grand projet de construction en Libye dans les années 1990, en lien avec la constructions de puits qui devaient permettre d’acheminer l’eau de la nappe phréatique sous le désert jusqu’aux villes situées sur la côte. Le projet avait mal démarré. L’entreprise avait encouru des coûts imprévus, si bien qu’au début des années 2000, elle avait une réclamation d’environs 100 millions en extras, qu’il était difficile de faire accepter par la Libye.

Des millions à Saadi Kadhafi

Un «plan» a été mis en place dans le but de payer des pots-de-vins qui devaient permettre de faire acquitter la réclamation supplémentaire par les autorités libyennes et éventuellement d’obtenir d’autres contrats.

PC

Sami Bebawi

«Ce plan est devenu le modèle d’affaires», a martelé la procureure.

Par la suite, des millions ont été versés à Saadi Kadhafi, le fils du président libyen de l’époque, Mouammar Kadhafi, entend démontrer la poursuite.

Au passage, l’accusé Sami Bebawi aurait empoché lui aussi environs 26 millions qu’il aurait ensuite tenté de dissimuler, toujours selon la théorie de la couronne.

Un ancien cadre raconte

Le premier témoin à prendre la barre a amorcé son témoignage en avant-midi. Riadh Ben Aissa, ancien subalterne de Sami Bebawi chez SNC-Lavalin, a expliqué comment SNC-Lavalin avait commencé à faire des affaires en Libye dans les années 1990, et comment elle s’était retrouvée avec des risques de pertes importantes dans le cadre du projet de puits dans le désert.

M. Ben Aissa, qui a été arrêté en Suisse et a passé du temps en détention pour des faits similaires, a signé une entente de collaboration avec la justice canadienne afin de raconter ce qu’il sait du dossier, ont appris les jurés ce matin.

Le procès doit durer entre six et huit semaines au palais de justice de Montréal.