Une mère éplorée. Une famille brisée. Deux bambins sans parents. Le meurtre brutal de Samantha Higgins, il y a quatre ans à Montréal, a laissé des marques indélébiles chez ses proches. « Elle aimait la vie. Elle était la vie », a sangloté la mère de la défunte. Son fiancé, Nicholas Fontanelli, a été condamné mardi à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 17 ans.

L’émotion était palpable mardi au palais de justice de Montréal pour le point d’orgue de quatre longues années de procédures judiciaires. L’un après l’autre, les proches de la jeune mère de 22 ans ont parlé à cœur ouvert, sous le regard du bourreau de Samantha, impassible dans le box des accusés. « Mon espoir est que vous puissiez amorcer votre processus de deuil et de guérison », a dit avec empathie le juge James Brunton.

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE DE SAMANTHA HIGGINS

Samantha Higgins et Nicholas Fontanelli

« Quand Samantha est morte, je suis morte. Je me sens vide », a confié Vanessa Higgins, dans un témoignage bouleversant. La mère de la victime souffre de trouble post-traumatique, de dépression et d’agoraphobie. « Mes autres enfants ont aussi perdu leur mère », regrette-t-elle.

« Samantha était la protectrice de la famille. Elle nous tenait ensemble. Depuis, ma famille s’est désagrégée [fall apart]. Samantha était ma fille, ma meilleure amie, mon roc, mais elle était aussi une petite-fille, une sœur, une amie et une mère de deux magnifiques enfants qui n’auront jamais leurs parents à nouveau », a témoigné Vanessa Higgins, en pleurs.

Les jeunes frères et sœurs de Samantha Higgins ont été marqués au fer rouge par le départ soudain de leur grande sœur. Difficultés scolaires, attaques de panique, perte de confiance : sa sœur de 17 ans ne vit que des « souffrances » depuis quatre ans. « Samantha est une étoile brillante. Un ange magnifique, elle est devenue. Tu me manques tous les jours », a écrit son frère adolescent.

Wendy McLeod a partagé de tendres souvenirs de sa petite-fille, de son amour du ballet à sa profonde joie d’être mère. « Maintenant que Samantha est partie. Il n’y a plus d’appel, plus de marche, plus de “je t’aime”. Tout est parti », a regretté Mme McLeod.

La mort de Samantha Higgins avait choqué le Québec à l’été 2015. Nicholas Fontanelli avait rapporté la disparition de sa fiancée, alors qu’il venait de l’étrangler dans leur appartement de LaSalle et de cacher son corps. Dans une sinistre mascarade, il avait imploré son retour, en pleurs, sur les ondes de CBC News. Le corps démembré de la jeune femme a été découvert trois jours plus tard en Montérégie.

L’homme de 26 ans a plaidé coupable il y a deux semaines, à la veille de son procès devant jury, à une accusation réduite de meurtre au second degré et d’outrage à un cadavre. Le juge James Brunton a entériné mardi la suggestion commune des parties en imposant une période de 17 ans avant son admissibilité à la libération conditionnelle.

Le procureur de la Couronne, Me Louis Bouthillier, a fait valoir comme facteurs aggravants la « brutalité » du crime, la mutilation, le démembrement et la tentative de dissimulation [cover-up]. L’avocat de la défense Me Marc Labelle a relevé le jeune âge de l’accusé et l’absence de planification du meurtre. « C’est arrivé soudainement […] sur l’impulsion du moment », a-t-il plaidé.

Stoïque pendant l’audience, Nicholas Fontanelli a semblé ébranlé, quelques secondes seulement, après avoir fait une brève déclaration. « Je suis vraiment désolé. J’ai de profonds remords. Je souhaite que ça ne se soit jamais produit », a-t-il déclaré.