Jean Edens Lindor a reconnu jeudi avoir causé la mort il y a deux ans de Sisi Thibert, une travailleuse du sexe trans. L’homme de 26 ans a admis avoir poignardé la victime avec un katana – un long sabre japonais – à la suite d’une altercation dans un appartement de l’arrondissement du Sud-Ouest à Montréal.


Le procès devant jury pour meurtre au second degré de Jean Edens Lindor devait s’ouvrir mardi prochain au palais de justice de Montréal. Mais l’accusé a coupé court au processus judiciaire en plaidant coupable à un chef réduit d’homicide involontaire. Il évite ainsi une peine automatique de prison à vie s’il avait été reconnu coupable.


Sisi Thibert, une femme trans, dont le nom masculin est Gerry Thibert-Deschênes, offrait des services sexuels dans son appartement d’une pièce de la rue Mullins. Dans la nuit du 17 au 18 septembre 2017, Jean Edens Lindor s’est présenté chez elle pour obtenir ses services sexuels contre rémunération.  


À la suite d’un rapport sexuel, un conflit éclate entre Sisi Thibert et son client. « La victime pointe alors un couteau en direction de l’accusé qui a une somme d’argent importante en sa possession et une altercation s’ensuit », indique le résumé conjoint des faits présenté jeudi en salle de cour.  

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Sisi Thibert


Jean Edens Lindor prend alors un katana qui se trouve dans l’appartement et poignarde la victime au niveau de la clavicule. Il prend ensuite la fuite nu avec ses vêtements et le katana dans ses mains. Sa fuite est captée par des caméras de surveillance, toujours selon le document de cour.


Une voisine contacte les secouristes vers 1 h 50 après avoir entendu des cris. À l’arrivée des premiers intervenants, la victime est consciente et ne dit rien de l’origine de ses blessures. Son décès est constaté à 2 h 50. Dans sa fuite, l’accusé se débarrasse du katana dans une poubelle et prend un train vers Toronto quelques heures plus tard. Il est retrouvé une semaine plus tard dans la région de Scarborough en Ontario. Il est détenu depuis.  


Une profonde blessure à la clavicule gauche qui a provoqué une hémorragie interne a causé la mort de Sisi Thibert, selon la pathologiste judiciaire. La victime affichait aussi des plaies non mortelles au cou et au nombril, ainsi que des plaies de défense sur les doigts. Une toxicologue a conclu que la victime avait consommé une forte dose de méthamphétamine et de cocaïne.  


Selon l’avocate de la défense Me Marie-Hélène Giroux, Jean Edens Lindor aurait pu plaider une défense de provocation, voire de légitime de défense, si le procès pour meurtre avait eu lieu. La criminaliste relève que son client n’avait pas d’antécédent criminel de violence. « Évidemment, c’est un incident malheureux. Maintenant, il va y avoir une fin », a-t-elle commenté.


Les observations sur la peine à imposer devraient avoir lieu plus tard cet automne au palais de justice de Montréal. Me Claudine Charest et Me Nadia Bérubé représentaient le ministère public.