Le proxénète Josué Jean ira en prison pendant huit ans pour avoir maintenu sous son joug, pendant plusieurs années, deux jeunes filles, qu’il a séquestrées, battues, blessées et exploitées sexuellement, allant même jusqu’à faire tatouer son nom sur la peau de l’une d’elles.

L’usage de violence, pour de longues périodes et de façon répétitive, l’absence de remords du criminel, le jeune âge des victimes et la gravité des séquelles psychologiques qu’elles doivent endurer expliquent cette peine sévère, a indiqué le juge André Perreault en rendant sa décision, lundi matin, au Palais de justice de Montréal.

« Josué Jean exerçait un contrôle quasi-total des deux victimes, s’accaparant presque tout l’argent qu’elles gagnaient, a dit le juge. Il décidait des endroits où elles devaient se prostituer et s’impliquait jusque dans le choix des condoms. Il mettait beaucoup de pression pour qu’elles travaillent beaucoup, beaucoup trop. Elles lui rapportaient des sommes d’argent colossales, régulièrement plusieurs milliers de dollars par semaine, pendant des années. »

L’une des victimes était mineure lorsqu’elle s’est retrouvée sous l’emprise du proxénète, qui a profité de sa naïveté et de sa vulnérabilité pour la manipuler, a aussi souligné le juge Perreault.

Les deux jeunes femmes, présentes dans la salle d’audience, après avoir témoigné au procès de leur tortionnaire le printemps dernier, ont essuyé des larmes quand le magistrat a souligné le courage dont elles avaient fait preuve en le dénonçant.

Éviter les stéréotypes contre les travailleuses du sexe

Le tribunal a été particulièrement soucieux d’éviter que « son raisonnement soit entaché par des mythes et des stéréotypes entretenu au quotidien contre les femmes victimes de violence conjugale et sexuelle, particulièrement alors qu’elles sont travailleuses du sexe », a souligné le juge Perreault au tout début de sa décision.

Brûlures de cigarettes, dents cassées à la suite de coups, blessures à la tête et menaces par arme à feu font partie des sévices endurés par les victimes, qui se faisaient aussi cracher au visage et humilier par celui qu’elles considéraient comme un amoureux.  

L’une des filles s’est aussi fait casser des côtes par le proxénète, qui la battait violemment.

Mais les pires séquelles sont psychologiques : les jeunes femmes ne peuvent vivre normalement, puisqu’elles souffrent d’anxiété, doivent se remettre d’un choc post-traumatique et reconstruire leur estime d’elles-mêmes, à la suite du passage de Josué Jean dans leur vie, a noté le juge.

Jean, 42 ans, avait été reconnu coupable en juin dernier de 14 chefs d’accusation, notamment traite de personnes, proxénétisme, agression sexuelle, séquestration et voies de fait armées, pour ses gestes à l’endroit des deux victimes, qui se sont échelonnés de 2002 à 2009.