Les policiers interrogent simultanément jeudi 17 « personnes d’intérêt » dans le cadre de l’enquête sur le vol de renseignements personnels de clients de Desjardins, notamment un fraudeur multirécidiviste de Laval qui est soupçonné d’avoir acheté au moins une partie de la liste de données.

Selon nos sources, Juan Pablo Serrano, 33 ans, a été la cible d’une perquisition à sa résidence de Laval et dans un commerce de Montréal auquel il est lié, plus tôt cette semaine. Un juge a estimé qu’il y avait des raisons de croire que des preuves d’un crime lié à la fuite chez Desjardins se trouvaient chez lui. Il est interrogé jeudi dans la foulée de ces opérations mais n’est accusé de rien à cette heure.

La Presse a joint l’avocat de M. Serrano qui n’était pas encore en mesure de commenter la situation.

Autrefois résident de la région de Québec, M. Serrano accumule les petites peines de prison depuis 2005 pour fraude, vol, entrave à une enquête policière et infractions liées aux cartes de crédit. En octobre dernier, en vertu d’une entente négociée avec la couronne, il a plaidé coupable à une accusation de fraude et écopé de 90 jours de prison à purger les fins de semaine, assortis de l’obligation de réaliser 240 heures de travaux communautaires.

Les enquêteurs ont des raisons de croire qu’il a acquis une grosse partie des données personnelles des 2,9 millions de membres de Desjardins victimes de la fuite orchestrée par un employé. L’employé suspect dans cette affaire, Sébastien Boulanger-Dorval, n’a toujours pas été accusé de quoi que ce soit, mais il a été congédié par Desjardins suite à une enquête interne.

L’enquête sur la fuite chez Desjardins, baptisée « Projet Portier », est menée par une équipe intégrée formée de policiers de la Sûreté du Québec, la police de Laval et d’autres corps policiers.

Plus tôt cette semaine, avant les interrogatoires de personnes d’intérêt, les enquêteurs ont rencontré 91 témoins dans les régions de Québec, Montréal et Laval.

Six perquisitions ont aussi été menées par les enquêteurs dans quatre résidences et deux commerces afin de saisir du matériel informatique.

Selon nos informations, Desjardins et la police croient toujours que l’employé Sébastien Boulanger-Dorval a agi seul pour dérober des informations personnelles de clients. Les autres personnes interrogées pourraient être des acheteurs potentiels d’informations, des facilitateurs ou des relations de l’employé.