( Saint-Jérôme) La cavale d’Ugo Fredette s’est conclue par une poursuite par hélicoptère et une confrontation tendue avec deux policiers armés d’une carabine, au lendemain du déclenchement de l’alerte AMBER. Mis en joue, Ugo Fredette semblait menacer de frapper un enfant avec un bâton de bois et refusait de suivre les ordres des policiers.

« [Fredette] tient [l’enfant] derrière le cou avec sa main gauche. Il tient un bâton dans sa main droite et le déplace vers le haut et vers le bas vers [l’enfant] », a raconté mercredi matin l'agent de la Police provinciale de l’Ontario (OPP), Michael Danielson, au procès devant jury d’Ugo Fredette pour les meurtres au premier degré de sa conjointe Véronique Barbe et Yvon Lacasse.

PHOTO DÉPOSÉE EN COUR

Le bâton tenu par Ugo Fredette au moment de son arrestation.

L’agent Danielson et sa coéquipière sont alors face à face avec Ugo Fredette, à environ 15 mètres de lui, à l’arrière d’une résidence de la route 132 en Ontario. Une forêt entoure la résidence. Le policier ordonne à Ugo Fredette de lâcher son bâton et de se mettre au sol, mais le suspect refuse.

Ugo Fredette crie au policier de le tuer et continue de se déplacer, toujours en retenant l’enfant avec sa main gauche. « [L’enfant] a l’air très effrayé. Il a les yeux grands ouverts », témoigne l’agent Danielson.  

« Un bâton, un couteau, une barre, une clé, n’importe quel item que quelqu’un peut tenir dans sa main peut devenir une arme et causer des blessures physiques importantes ou même la mort », a expliqué le témoin en contre-interrogatoire.  

Le policier s’avance vers le suspect et tire un coup de pistolet à impulsion électrique de type Taser. Ugo Fredette tombe au sol et une policière réussit à écarter l’enfant. Lorsque l’effet de l’arme s’estompe, Ugo Fredette se relève, malgré les ordres du policier. C’est pourquoi l’agent Danielson tire à nouveau sur le suspect avec le Taser.  

D’autres policiers interviennent physiquement pour l’arrêter, mais Ugo Fredette résiste et se bat avec ces derniers. L’agent Danielson tire un troisième coup sur le suspect, alors qu’il est au sol.  

Poursuite

Avant d’en arriver à cette arrestation musclée, Ugo Fredette a été poursuivi pendant 45 minutes par les policiers ontariens sur l’autoroute 41 puis sur la route 132, non loin de la frontière québécoise. Un hélicoptère avait été déployé par la police ontarienne pour suivre le Honda CRV blanc de l’accusé.

Ugo Fredette a finalement dû s’arrêter après avoir roulé sur un tapis clouté sur la route. Une vidéo présentée au jury montre de quelle façon la poursuite policière s’est terminée, alors que son véhicule s’est éloigné de la route pour tourner dans l’entrée d’une résidence isolée dans la forêt.

Dans les heures précédentes, Ugo Fredette avait été vu à Maniwaki et à Val-d’Or. La veille, il était parti avec un enfant en Honda CRV à partir de la halte routière de Lachute. C’est là qu’il aurait battu à mort Yvon Lacasse, un homme de 71 ans, pour lui voler son véhicule. Son corps a été retrouvé dans un boisé dans les Laurentides.

Ugo Fredette est également accusé d’avoir poignardé à une dizaine de reprises sa conjointe Véronique Barbe, en présence de deux enfants, dans leur résidence de Saint-Eustache. Selon la théorie de la poursuite, Ugo Fredette refusait d’accepter leur rupture.

Mardi, le thérapeute de couple d’Ugo Fredette et Véronique Barbe a témoigné que la victime avait peur de son conjoint la veille de sa mort. Quelques jours plus tôt, Ugo Fredette l’avait traînée de force dans la maison et, fou de rage, avait brisé à coups de pied le lit où elle s’était réfugiée.  

« Véronique est terrorisée, elle a peur, elle a vraiment peur d’Ugo », a témoigné hier Michel Corneillier.