Nicole Gladu et Jean Truchon, ces deux Québécois gravement malades à qui la Cour supérieure vient de donner raison dans leur combat pour avoir accès à l’aide médicale à mourir, appellent les gouvernements du Québec et du Canada à ne pas porter la cause en appel.

Ils demandent aux deux paliers de gouvernement d’agir rapidement pour modifier la loi.  

Les deux Québécois atteints de maladies dégénératives incurables suggèrent à la population de profiter de la campagne électorale fédérale qui vient de débuter pour demander aux candidats de tous les partis de s’engager à changer la loi.  

«Le jugement sur l’aide médicale à mourir va ouvrir les portes du paradis à tous ceux et celles qui souffrent comme moi d’une manière physique et psychologique», a dit M.  Truchon lors d’une conférence de presse ce jeudi au bureau de son avocat Me  Jean-Pierre Ménard.  

M.  Truchon a indiqué qu’il allait vivre encore un hiver et un printemps avant de demander l’aide médicale à mourir comme le jugement d’hier lui permet désormais.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Nicole Gladu, Jean-Pierre Ménard et Jean Truchon.

Mme Gladu, elle, a remercié la juge Christine Baudouin de lui avoir redonné la liberté de choisir le moment de sa mort. «Je suis plus libre aujourd’hui», a-t-elle lancé, visiblement soulagée. Elle dit qu’elle prendra le temps de digérer le jugement et de consulter ses «précieux amis sans qui elle n’aurait pas été capable de mener le combat le plus difficile de sa vie» avant de se prononcer sur le moment où elle demandera l’aide médicale à mourir.  

Dans son jugement rendu hier, la Cour supérieure du Québec a déclaré invalides et inopérantes les dispositions du Code criminel et de la Loi sur les soins de fin de vie qui assujettissaient l’accès à l’AMM à des critères de mort raisonnablement prévisible et de fin de vie parce que lesdits critères contreviennent à la Charte canadienne des droits et libertés.

Québec «n’exclut rien»

Questionné plus tôt aujourd’hui sur la demande de Mme Gladu et M. Legault, le premier ministre du Québec François Legault n’a pas voulu s’engager à ne pas porter la cause en appel comme le réclament les deux Québécois lourdement handicapés.

«On n’exclut rien, parce qu’il est trop tôt. On est en train d’étudier le jugement, a indiqué M. Legault. Vous savez, on avait déjà dit qu’on voulait d’une façon non partisane examiner l’élargissement de l’aide médicale à mourir, par exemple dans les cas où on n’est pas en fin de vie. Est-ce qu’on conclura qu’il faut aller là ou non. Et puis dépendamment de l’orientation qu’on prendra, là on pourra décider si on va ou non en appel.»

- Avec la collaboration de Tommy Chouinard, La Presse