Une longue enquête du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sur le meurtre d’un jeune homme en juin 2014 vient de finir en queue de poisson à quelques jours du procès devant jury. La poursuite a mis fin hier au processus judiciaire visant les accusés Moïse Regino Magloire et Wilphix Gourdet-Laverdure, deux hommes liés aux Rouges, selon la police.

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) s’est fait avare de commentaires pour justifier cette décision prise deux ans après le dépôt des accusations. L’arrêt des poursuites (nolle prosequi) ordonné hier permet toutefois à la Couronne de porter de nouvelles accusations d’ici un an.

« Après avoir pris connaissance d’informations complémentaires liées à l’enquête policière et après analyse, le DPCP est arrivé à la conclusion qu’il n’est plus possible de maintenir les procédures judiciaires et de préserver les droits constitutionnels des accusés », a indiqué Me Jean-Pascal Boucher, porte-parole du DPCP.

Un jury devait être choisi le 12 septembre prochain au palais de justice de Montréal pour juger Moïse Regino Magloire, 29 ans, et Wilphix Gourdet-Laverdure, 30 ans. Seul le premier était toutefois accusé du meurtre non prémédité de Steven Célestin, tandis que le second faisait face à des accusations liées à des armes à feu, notamment celle d’avoir intentionnellement déchargé une arme. Ils avaient été arrêtés en 2017 au terme de l’enquête Mégarde des divisions du crime organisé et des crimes majeurs du SPVM.

Fusillade dans une fête

Steven Célestin, cousin de Jean-Philippe Célestin, un influent chef de gang d’allégeance bleue, a été assassiné le 7 juin 2014 pendant une fête haïtienne dans un bar de l’avenue du Parc. Des centaines de personnes participaient à cette fête, dont des hommes liés à des gangs de rue de diverses allégeances. L’homme de 23 ans a reçu une balle dans la tête pendant un échange de coups de feu. La police soupçonnait ainsi des individus affiliés aux Rouges de s’en être pris au gang rival.

Moïse Regino Magloire a été « soulagé » hier après-midi d’apprendre qu’il pourrait retrouver sa liberté, après plus de deux ans de détention, a indiqué son avocat, Me Richard Tawil. « Nous étions confiants de montrer que ce n’était pas lui le tireur », a ajouté l’avocat de la défense.

« [Les procureurs] ont fait leur travail de façon diligente », a commenté Me Tawil, sans vouloir se prononcer sur les motifs de la Couronne d’ordonner l’arrêt du processus judiciaire.

— Avec Daniel Renaud, La Presse