L’ex-contrôleur financier de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (OCRHA) est accusé d’avoir fraudé son employeur pour plus de 100 000 $ grâce à un habile stratagème de remboursement par carte de crédit. La directrice générale de l’Ordre assure avoir réagi promptement et encourage la dénonciation rapide de ce type de crime aux forces de l’ordre.

Stéphane Savoie a été responsable pendant 14 ans des opérations comptables de l’OCRHA, qui regroupe plus de 10 000 conseillers en ressources humaines et conseillers en relations industrielles agréés. Parmi ses tâches, il produisait les états financiers, préparait le budget annuel, supervisait l’équipe des comptes et gérait la facturation. Quatre employés étaient sous sa supervision.

L’homme de 35 ans avait ainsi un accès privilégié à la plateforme numérique Moneris utilisée par l’Ordre pour traiter les paiements par carte de crédit des membres pour leur inscription à des activités de formation ou leur cotisation professionnelle. C’est en utilisant cette plateforme que Stéphane Savoie aurait commis sa fraude de 106 000 $ de novembre 2014 jusqu’à son congédiement, en mai 2016.

Enquête interne

« En mai 2016, on a reçu un appel pour nous aviser qu’il y avait une transaction suspecte effectuée en dehors des heures normales de l’Ordre. On a réalisé une enquête interne pour découvrir qu’il y avait eu plusieurs transactions frauduleuses », a raconté à La Presse Manon Poirier, directrice générale de l’OCRHA. Les policiers ont rapidement été avisés.

L’enquête interne a levé le voile sur le stratagème frauduleux de l’homme de confiance des finances de l’ordre professionnel. Son stratagème était le suivant, explique Mme Poirier. Il choisissait une transaction légitime d’un membre faite par carte de crédit, par exemple l’inscription à une formation. Puis, il annulait la transaction et demandait le remboursement. Or, grâce à une fonctionnalité méconnue de la plateforme, il était en mesure de faire le remboursement sur sa propre carte de crédit.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, en 2016

Comme les membres visés pouvaient quand même assister à leur formation, ces transactions de plusieurs milliers de dollars passaient presque inaperçues. « On avait un taux de remboursement plus élevé que la moyenne », note toutefois Manon Poirier.

En moins de deux ans, Stéphane Savoie aurait ainsi effectué 40 transactions frauduleuses pour un total de 106 103 $, selon une poursuite civile intentée par l’Ordre en mai dernier. L’Ordre lui reproche d’avoir détourné illégalement des fonds et d’avoir trompé ses supérieurs et le public. Aucun citoyen n’a subi de perte dans cette affaire, assure Manon Poirier.

« Atterrés et ébranlés »

Cette découverte a provoqué tout un branle-bas de combat au sein de l’ordre professionnel, dont la mission est d’assurer la protection du public. « Les employés étaient atterrés et ébranlés », se souvient Manon Poirier.

L’Ordre a embauché une firme spécialisée pour mener une enquête complète sur les finances et la gestion de risque. Des mesures ont ensuite été mises en place rapidement pour éviter ce type de fraudes, soutient la directrice générale de l’Ordre.

On s’assure de surveiller ces remises indépendantes et on a mis en place une double approbation pour les remboursements. Mais avec la perspective, c’est toujours plus facile quand on connaît le stratagème.

Manon Poirier, directrice générale de l’OCRHA

Aucune organisation n’est à l’abri d’une fraude commise par l’un de ses employés, rappelle Manon Poirier. Ainsi, elle appelle toutes les organisations à dénoncer sans tarder ces crimes aux forces de l’ordre.

« Il faut continuer d’améliorer notre processus et collectivement trouver des façons pour signaler ces situations plus rapidement. D’avoir pris la décision d’aller à la police, c’est le genre de mesure qui devrait être fait davantage pour que ça ne se reproduise plus », explique la directrice générale.

Accusé il y a deux semaines de fraude de plus de 5000 $ et de fabrication de faux document, Stéphane Savoie, un résidant de Saint-Eustache, doit comparaître le 3 octobre au palais de justice de Montréal.