Pièces dérobées, passages secrets, portes verrouillées par des systèmes magnétiques sophistiqués  ; un laboratoire clandestin de fabrication de méthamphétamine démantelé en mai dernier par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) était un véritable labyrinthe fortifié, en plus d’être d’une envergure rarement vue.

C’est ce que révèle la preuve présentée contre l’un des suspects qui a plaidé coupable hier à plusieurs chefs de production de drogue, et qui a été condamné à sept ans de pénitencier.

Michael Grote, 34 ans, se trouvait dans le bâtiment industriel du 34, rue de l’Industrie, à L’Assomption, lorsque les policiers ont défoncé les clôtures qui entourent l’endroit, le matin du 8 mai dernier, et fait irruption dans la bâtisse.

À leur arrivée sur les lieux, les enquêteurs de la division du crime organisé de la police de Montréal ont arrêté l’un des suspects, qui sortait du bâtiment, et ont parcouru l’intérieur. 

Ils n’ont trouvé personne d’autre, jusqu’à ce qu’ils apprennent que le laboratoire était composé d’autres pièces dérobées, accessibles par des corridors cachés derrière des cloisons ajoutées et protégées par des portes verrouillées par des systèmes magnétiques, avec codes d’accès. 

Ils ont alors trouvé Grote et un autre suspect cachés dans l’une des pièces, puis les ont arrêtés.

Chez Grote et dans sa voiture, les policiers ont notamment trouvé près de 95 000 comprimés de méthamphétamine séparés dans 18 sacs de style Ziploc contenant environ 5000 pilules chacun, une recette pour fabriquer des comprimés, un livre sur les techniques de surveillance physique et un masque à cartouches.

Durant l’enquête, Grote a fait l’objet de 23 jours de filature et a été observé par les policiers dans le laboratoire à 19 reprises. Il a été accusé de complot pour production de substances, production de substances, possession de substances dans un but de trafic, trafic de substances et possession de cannabis dans un but de trafic, hier, au palais de justice de Montréal.

Il a été condamné à sept ans de pénitencier, moins la période de temps passé en détention préventive, soit trois mois.

« Ce n’est pas facile, je suis très désolé », a dit le condamné, les yeux rougis par les larmes. « Vous utiliserez les prochaines années pour réfléchir sur la façon de changer de vie », a dit le juge Pierre Labelle, de la Cour du Québec, qui a entériné une suggestion commune de la poursuite et de la défense.

Des entreprises pour importer

Dans une pièce du laboratoire de la rue de l’Industrie, où régnait une forte odeur de produits chimiques, les limiers ont découvert de nombreux barils de 45 gallons. Dans une autre pièce, ils ont trouvé des dizaines de barils de produits chimiques, des sacs de tabulose – servant à la fabrication de comprimés de méthamphétamine –, une boîte de caféine et un mélangeur industriel.

La preuve contre Grote démontre que l’enquête, baptisée Aval, a débuté durant l’été 2018, lorsque les policiers ont reçu des informations sur un individu soupçonné d’être à la tête d’un groupe de producteurs de méthamphétamine.

Le chef présumé et deux associés auraient utilisé une entreprise d’équipements médicaux pour camoufler leurs activités illégales et acquérir des appareils de laboratoire. 

Le laboratoire clandestin a été aménagé dans les locaux d’une entreprise de transport et ses patrons, qui font partie des accusés, auraient utilisé l’entreprise pour importer des précurseurs nécessaires à la fabrication de méthamphétamine.

Durant l’enquête, les policiers ont fait un lien entre le laboratoire et un réseau de trafic de méthamphétamine opérant dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, dans l’est de Montréal.

Quant au chef présumé du réseau qui a été ciblé à l’été 2018, il a échappé à la rafle, et la police croit qu’il serait actuellement au Mexique.

Grote est le premier des accusés du projet Aval à régler son dossier devant les tribunaux.

Les policiers, aidés des pompiers et de représentants de Santé Canada, ont mis plusieurs jours pour démanteler le laboratoire de la rue de l’Industrie, à L’Assomption. 

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse