(Montréal) La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a signé de nouvelles ententes avec les autorités des Philippines pour aider à protéger les enfants contre l’exploitation sexuelle et identifier et traduire en justice les agresseurs. Cette collaboration doit servir notamment a épingler les Canadiens, qui sont nombreux à participer à cette industrie.

Les Philippines sont considérées par l’UNICEF, comme « l’épicentre de la pédopornographie diffusée en direct », mais le Canada est l’un des pays « qui contribuent beaucoup à ce fléau » selon la spécialiste de la question à la GRC, la surintendante en chef Marie-Claude Arsenault.

En 2018, le Centre national de coordination contre l’exploitation des enfants (CNCEE) a reçu 61 174 plaintes relativement à des infractions d’exploitation sexuelle sur l’internet qui impliquaient des Canadiens. Ce qui représente une hausse spectaculaire de 616 % depuis 2014 selon la GRC.

« Il y a des clients canadiens qui achètent des vidéos ou des diffusions en direct, il y a des Canadiens qui voyagent dans ces pays et qui abusent des enfants, mais il y a aussi des prédateurs canadiens qui peuvent contrôler la production ».

Des prédateurs comme Philip Chicoine, condamné, en 2017, à 12 ans de prison pour possession, production et partage de pornographie juvénile.

Selon un policier de la GRC, le caporal Jared Clarke, qui a participé au procès de Philip Chicoine aux Philippines, celui-ci rencontrait des femmes en situation financière précaire sur des forums internet et réussissait à les convaincre, en échange d’argent, d’agresser leurs enfants en direct sur le Web.

Philip Chicoine, un Saskatchewanais, partageait ensuite ces vidéos de pornographie juvénile.

Les nouvelles ententes de collaboration entre les autorités des Philippines et la GRC servent notamment à arrêter les criminels canadiens comme Philip Chicoine, qui n’est malheureusement pas une exception, selon Marie-Claude Arsenault.

« On peut avoir une enquête où les criminels sont au Canada, les enfants aux Philippines et le serveur est dans un autre pays. Et maintenant avec le darknet (qui permet l’anonymat des utilisateurs), ça amène des défis supplémentaires pour trouver les criminels en ligne ».

Collaborer avec les autres pays est essentiel pour s’attaquer à l’exploitation pédosexuelle transnationale, mais il faut aussi être à l’avant-garde des nouvelles technologies selon la surintendante en chef de la GRC.

« Les policiers ne peuvent pas faire ce travail seuls. Il faut développer des outils qui utilisent l’intelligence artificielle par exemple, il faut toujours être à l’avant-garde ».

Marie-Claude Arsenault a donné en exemple le robot Arachnid, créé au Canada, et qui, toutes les 12 heures, détecte 10 824 nouvelles images d’abus pédosexuels sur l’internet.

Les nouvelles ententes entre la GRC et les autorités des Philippines doivent permettre de faciliter les échanges d’information sur des personnes suspectes, d’identifier des enfants victimes, de protéger les droits des enfants pendant les enquêtes, d’échanger des instruments légaux et scientifiques et d’offrir des formations aux agents philippins, notamment.

Après avoir étudié 153 000 signalements de cas d’exploitation d’enfants sur l’internet de 2008 à 2015, Cyberaide.ca (la centrale canadienne de signalement de ces types de crimes) a conclu que 80 % des enfants étaient âgés de moins de 12 ans. Mais parfois, les victimes d’exploitation sexuelle ont à peine l’âge de communiquer. L’ONG International Justice Mission, qui combat le trafic sexuel, a rapporté avoir sauvé des bambins aussi jeunes que deux ans, d’exploitation sexuelle sur l’internet.