(Saint-Jean, N.-B.) Dennis Oland a été reconnu non coupable du meurtre au deuxième degré de son père multimillionnaire, Richard Oland.

Le juge Terrence Morrison, de la Cour du Banc de la Reine du Nouveau-Brunswick, a rendu sa décision vendredi matin devant un tribunal bondé à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.

Le juge Morrison a statué qu’il y avait trop de pièces manquantes dans le casse-tête pour prouver la culpabilité hors de tout doute raisonnable.

«Il faut plus que des soupçons pour condamner une personne pour meurtre», a-t-il soutenu.

Dennis Oland, un ancien conseiller financier qui avait été accusé de meurtre au deuxième degré en 2013, a étreint son équipe de défense après la lecture du verdict.

La réaction de l’homme de 51 ans contrastait vivement avec celle qu’il avait eue après son premier procès en 2015, lorsqu’un jury l’avait déclaré coupable de meurtre au deuxième degré. À ce moment-là, il s’était effondré dans la salle d’audience et avait sangloté de manière incontrôlable dans la robe de l’un de ses avocats.

Le verdict du jury avait été infirmé en appel et un deuxième procès avait eu lieu, cette fois devant un juge seul.

Les membres de la famille Oland, qui ont accompagné l’accusé tout au long de cette épreuve qui a duré près de dix ans, ont pleuré de joie dans la salle d’audience.

La famille Oland est l’une des plus riches de la province. L’entreprise familiale, la brasserie Moosehead, est établie à Saint-Jean. Richard Oland était un ancien vice-président jusqu’à ce qu’il perde son poste dans un conflit de succession et qu’il quitte pour gérer ses propres affaires.

Oland clamait son innocence

C’est lorsqu’il était à la tête de l’une de ces entreprises, la société d’investissement Far End Corp., que l’homme de 69 ans a été battu à mort au cours de la nuit du 6 juillet 2011. Son corps a été retrouvé le lendemain matin. Il avait été battu à mort avec une arme qui n’avait jamais été retrouvée.

Dès le début, Dennis Oland a clamé son innocence. Mais il était le seul et unique suspect du service de police de Saint-Jean depuis le jour de la découverte du corps.

Il est la dernière personne connue à avoir vu son père en vie. Lors du procès, on a pu apprendre qu’il était allé trois fois dans le bureau de son père en l’espace d’une heure le 6 juillet 2011, entre 17h30 et 18h30. Il a dit que son père allait bien lorsqu’il l’a quitté, après une conversation agréable sur la généalogie de la famille Oland.

Selon la théorie de la police et de la poursuite, lors de sa troisième et dernière visite au bureau, M. Oland avait utilisé un marteau pour cloison sèche doté d’une lame tranchante et d’une extrémité arrondie pour battre son père à mort, frappant 45 coups, principalement à la tête.

«Absolument ridicule», a déclaré Dennis Oland lorsque les procureurs l’ont accusé à la barre. «Je ne suis pas ce genre de monstre.»

Difficultés financières

La poursuite accusait M. Oland d’avoir attaqué son père après une dispute au sujet de l’argent. Dennis Oland était profondément endetté; Richard Oland avait amassé une fortune estimée à 36 millions et vivait la grande vie, fréquentait les yachts et voyageait avec sa maîtresse.

L’équipe de la défense, dirigée par l’avocat torontois Alan Gold, a minimisé l’importance de l’argent. M. Oland lui-même a déclaré au tribunal que, même si la situation était un peu tendue — il dépensait environ 14 000 $ de trop par mois et ses cartes de crédit et ses marges de crédit étaient épuisées — il pouvait toujours emprunter davantage lorsqu’il en avait besoin.

Les deux procès Oland ont duré plusieurs mois.

La conduite du service de police de Saint-Jean était au cœur de la stratégie de défense des deux procès. Lors du deuxième procès, sans jury, les avocats de la défense avaient des questions difficiles à poser aux policiers qui ont comparu à la barre. Les policiers ont d’ailleurs avoué qu’ils n’avaient pas été aussi prudents qu’ils auraient dû l’être pour protéger les lieux du crime.

Dennis Oland n’a pas parlé aux journalistes en quittant le palais de justice, vendredi. Ses sympathisants ont applaudi lorsqu’il a été conduit à une voiture.