Le procès pour fraude d’un Montréalais a permis de mieux comprendre le stratagème sournois de pirates qui ont volé des identités à l’Université Concordia, en 2016.

Aroon Aimen, 32 ans, a plaidé coupable à trois chefs en lien avec l’utilisation de cartes de crédit contrefaites. L’homme a été surpris par la police en possession de 14 fausses cartes de crédit. Elles portaient le nom de vraies personnes, qui n’en savaient rien et s’étaient fait prendre au piège.

En 2016, les autorités de l’Université Concordia ont découvert des enregistreurs de frappe installés sur des ordinateurs du campus. Ces dispositifs sont souvent immatériels et prennent la forme de programmes espions.

IMAGE FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ CONCORDIA

En 2016, les autorités de l’Université Concordia ont découvert des enregistreurs de frappe, comme celui-ci, installés sur des ordinateurs du campus.

Mais, dans ce cas, de petits bidules pas plus gros qu’une clé USB avaient été branchés par des malfrats entre le clavier et l’ordinateur.

Ces enregistreurs de frappe capturaient toutes les entrées du clavier.

Les utilisateurs qui entraient les informations de leur carte de crédit ou un mot de passe important dans l’un des ordinateurs piratés de l’université risquaient donc d’être fraudés.

Le procès de l’homme a permis de conclure qu’il n’avait pas mis en place le dispositif. Il a plutôt plaidé que deux hommes, « Jon et Alex », lui fournissaient les fausses cartes. Il se contentait de les utiliser pour des achats et des retraits, et donnait une part des recettes aux deux complices.

« Les pertes encourues ont dépassé les 10 000 $ », écrit la juge Suzanne Costom dans sa décision.

Filature

Rapidement dans l’enquête, le Service de police de la Ville de Montréal a identifié le suspect. Pris en filature, il a été observé en action dans l’Ouest-de-l’Île.

Les policiers l’aperçoivent utilisant une carte de crédit d’une banque étrangère au nom de Maxime Plante dans un guichet automatique. Joint par les policiers, M. Plante affirme qu’il n’est pas client de cette banque. Une dette de 5000 $ a été contractée sur la carte.

Plus tard, les policiers constatent que l’homme s’adonne au même manège avec des cartes au nom de Heilya Mirashahi et de Lucien Lacroix. Joints par la police, Mme Mirashahi et M. Lacroix assurent que la carte de crédit n’est pas la leur.

Lors d’une perquisition en 2017 dans un local que fréquente le suspect, les policiers découvrent 14 cartes aux noms de 9 personnes, 20 cartes vierges prêtes à trafiquer et une machine pour le faire.

Absolution conditionnelle

Dans sa sentence, rendue le 19 juin dernier, la juge Suzanne Colstom a dit reconnaître le « fléau » que représente le vol d’identité.

Les crimes de cette nature ne touchent pas seulement les individus visés, mais aussi les institutions financières, qui ne font pas simplement absorber les coûts induits par ces crimes, mais malheureusement les refilent à tous les clients. C’est donc la société en entier qui en souffre.

Extrait de la décision de la juge Suzanne Colstom

Elle a finalement choisi de donner une absolution conditionnelle au fraudeur. M. Aimen, réfugié d’origine afghane arrivé au pays à l’âge de 13 ans, a plaidé coupable. L’homme devenu citoyen en 2007 a immédiatement exprimé sa honte et ses remords. Il a offert de rembourser les victimes.

Il est titulaire d’un diplôme en commerce de l’Université Concordia, est aujourd’hui marié et occupe un bon emploi dans une grande entreprise.

« L’accusé contribue de manière positive à la société » et « a parcouru beaucoup de chemin » depuis les crimes de 2016, écrit la juge.

Elle lui ordonne par ailleurs de faire 240 heures de travaux communautaires et de remettre 10 000 $ aux victimes.