Ichrak Nourel Hak est « stupéfiée, blessée et insultée » à l’idée que le gouvernement lui « arracherait sa carrière tant désirée simplement parce qu’elle porte le hijab ».

Étudiante à l’Université de Montréal, Mme Hak a déposé aujourd’hui sa poursuite en Cour supérieure contre la Loi sur la laïcité. Elle agit conjointement avec le Conseil national des musulmans canadien et l’Association canadienne des libertés civiles.

Mme Hak obtiendra son diplôme d’enseignante en 2020 et avant l’adoption du projet de loi, elle avait l’intention d’enseigner le français dans une classe d’accueil au secondaire ou d’enseigner au primaire dans une école anglophone.

Pour Mme Hak, qui est d’origine marocaine et qui habite au Québec depuis 1994, « porter le hijab est une forme de spiritualité et d’expression de son identité. Il lui permet d’être bien dans sa peau et l’aide à lutter contre les stéréotypes qui sont perpétués au sujet des femmes musulmanes », peut-on lire dans la poursuite.

Elle dit avoir choisi de porter son hijab « en toute indépendance » et « ne peut imaginer de le retirer ».

Les avocats des demandeurs écrivent que la Loi sur la laïcité « outrepasse la compétence législative provinciale ». Ils estiment qu’elle ne respecte pas le critère d’intelligibilité, notamment que la définition de signe religieux est imprécise, à leur avis.

« Par exemple, une personne pourrait porter un foulard sur la tête pour un motif religieux, pour une raison médicale ou tout simplement pour des raisons esthétiques », est-il écrit.

Une alliance « peut avoir un symbolisme religieux pour une personne catholique et n’en avoir aucun pour une autre personne », poursuivent les demandeurs.

Ils soutiennent aussi que des employeurs « devront nécessairement poser des questions indiscrètes sur les motifs pour lesquels un employé porte un objet ou des vêtements – voire des questions pour déterminer si un employé porte un "signe religieux" sous ses vêtements ».

La poursuite allègue aussi que la loi constitue une violation du principe de l’indépendance judiciaire parce qu’il revient au Conseil de la magistrature et non au gouvernement d’envisager des mesures disciplinaires contre des juges.

L’avocate qui représente les demandeurs est Catherine McKenzie, qui, il y a un an, avait réussi à faire suspendre l’application d’une disposition de la loi 62 du gouvernement Couillard voulant qu’une personne offrant ou recevant un service public doive « avoir le visage découvert ». Le Conseil national des musulmans canadiens et l’Association canadienne des libertés civiles étaient aussi derrière ce recours.