En démantelant un réseau de trafiquants de Xanax contrefait mardi, la police de Laval a découvert à quel point ceux-ci étaient lourdement armés, avec des armes de poing mais aussi de véritables armes de guerre.

«On est dans les ligues majeures», observe Dany Gagnon, directeur adjoint aux enquêtes à la police de Laval.

Dans le cadre d’une enquête baptisée Projet Affranchir, 235 policiers ont mené des perquisitions mardi à Laval, mais aussi à Montréal, Terrebonne, Saint-Lin, Bois-des-Filion, Boisbriand, Sainte-Thérèse, Saint-Eustache, Saint-Jérôme, Sainte-Adèle, Sainte-Anne-des-Plaines et Mille-Îles.

L’opération a permis d'arrêter 14 suspects, de saisir près d’un kilo de cocaïne et assez de poudre de métamphétamine pour produire 400 000 comprimés de speed, ainsi qu’une presse à pilules industrielle.

PHOTO FOURNIE PAR LA POLICE DE LAVAL

La police a saisi divers types de comprimés.

Variété d’armes

Mais les policiers ont aussi découvert beaucoup d’armes: huit armes de poing, dont plusieurs chargées, une arme d’assaut AR-15 et une autre arme de guerre de calibre .223, un fusil de calibre .12, en plus d’une veste pare-balles, d’un silencieux et de centaines de cartouches.

«Habituellement, en matière de crime organisé, on va retrouver une cache d’armes avec plusieurs armes rangées au même endroit. Là les armes étaient séparées entre les individus, une bonne partie d’entre eux avaient une arme de poing chargée, et nous avons deux armes de type militaire, dont une qui était gardée près de la presse à pilules», observe M. Gagnon.

«Comment ça se fait que ces individus ont tant besoin d’être armés? C’est là qu’on réalise comment le crime organisé, tant dans la vente de cocaïne que pour les drogues de synthèse, ils ont besoin d’être armés et ça amène un potentiel de violence», dit-il.

Le réseau était relié aux Hells Angels, selon l’enquête policière. C’est l’Agence des services frontaliers qui avait attiré l’attention des policiers en 2018 et les avaient mis sur la piste d’envois postaux louches effectués à partir de divers bureaux de poste, dont plusieurs à Laval.

Plus de 200 colis contenant près de 200 000 comprimés de Xanax contrefaits, d’une valeur d’environ 500 000 $, avaient été interceptés pendant l’enquête. Certains colis étaient destinés à des clients aux États-Unis, en Angleterre et même en Australie.

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La presse à pilules était située dans un lieu de transformation à Sainte-Adèle. 

Laboratoire sale

La presse à pilules était située dans un lieu de transformation à Sainte-Adèle. «C’était une très grosse presse, et elle était dans un lieu vraiment pas propre, un laboratoire vraiment artisanal opéré par des pseudo-chimistes», raconte M. Gagnon.

«Qu’on parle de métamphétamine ou de Xanax, ça peut avoir l’air inoffensif mais la clientèle en bout de compte, ce sont des jeunes qui achètent ça à 5 $ le comprimé. C’est accessible pour eux et ça crée une dépendance. C’est préoccupant», dit-il.

La date de l’opération était symbolique: le 4 juin, c’est à dire un mois jour pour jour après l’assassinat du mafioso Salvatore Scoppa à l’hôtel Sheraton de Laval. Le tireur avait ouvert le feu alors que plusieurs clients, dont des enfants, se trouvaient sur place. La police de Laval avait ensuite annoncé son intention d’accentuer la pression sur le crime organisé.

Les policiers ont notamment effectué 130 visites dans une cinquantaine d’établissements commerciaux ciblés, mais ils ont aussi mis les bouchées doubles en matière d’enquêtes criminelles.

«On les dérange, et c’est ça l’objectif», souligne Dany Gagnon.