Un ex-physiothérapeute montréalais pensait faire un pied de nez à la Cour en fuyant le pays. Or, la justice a le bras long. Son procès pour agression sexuelle s’est tenu sans lui cet hiver à Montréal, une mesure rarissime. Possiblement à Dubaï, Maher Mohamed Elsayed ne risque toutefois pas de recevoir sa peine de sitôt.

Quatre femmes agressées sexuellement par le même homme pendant un massage soi-disant thérapeutique sont venues à la barre l’hiver dernier pour témoigner des gestes ignobles posés par Maher Mohamed Elsayed. Malgré l’absence du principal intéressé, le juge Salvatore Mascia l’a déclaré coupable, le 1er mai dernier, de quatre agressions sexuelles. Il a été acquitté d’un cinquième chef, puisque la plaignante n’a pas témoigné. 

Un procès criminel tenu en l’absence d’un accusé est exceptionnel au Canada, puisqu’il s’agit d’un droit fondamental garanti par la Charte canadienne des droits et libertés. Or, ce droit n’est pas « absolu », rappelle le juge Mascia. Si un accusé « s’esquive » pendant son procès, il est possible de procéder sans lui, stipule le Code criminel. 

À la veille de son procès, en février dernier, Maher Mohamed Elsayed a annoncé par courriel à la Cour et à son avocat qu’il serait absent. Le résidant permanent canadien disait travailler à l’étranger depuis qu’il avait été radié de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec (pour sept ans).

« Je suis convaincu que l’accusé a consciemment et volontairement décidé de s’absenter du procès », soutient le juge Mascia dans sa décision du 25 février permettant de tenir le procès in absentia, une demande du procureur de la Couronne, Me Pierre-Olivier Bolduc.

D’ailleurs, le procès s’était techniquement amorcé trois semaines plus tôt, a conclu le juge, un élément clé pour appliquer cette disposition.

Modus Operandi

Maher Mohamed Elsayed a employé le même modus operandi pour agresser sexuellement ses victimes en 2016. Le masseur professionnel et physiothérapeute massait d’abord les cuisses de ses victimes, puis se rapprochait « furtivement » de leurs organes génitaux, passant « nonchalamment » ses mains sur leur vulve. Puis, il enfonçait ses doigts dans leurs orifices, parfois à de nombreuses reprises. À deux occasions, il a collé son pénis en érection contre le corps de ses victimes.

« Ce qui était censé être une expérience plaisante et relaxante est devenu une épreuve dégradante et humiliante. » — Extrait de la décision du juge Salvatore Mascia du 1er mai

Le témoignage des victimes était « crédible », « franc » et sans aucune « incohérence », soutient le juge. Que les trois premières plaignantes n’aient pas exprimé leur objection aux gestes sexuels d’Elsayed ne change rien à ses conclusions, ajoute-t-il. 

Maintenant que justice a été rendue, il reste à savoir si Maher Mohamed Elsayed purgera un jour sa peine. Une chose est sûre : il devra faire face à la justice s’il pose à nouveau les pieds au Canada.