(Saint-Jean) Un homme de Terre-Neuve accusé de possession de pornographie juvénile relativement à l’achat d’une poupée sexuelle de la taille d’un enfant a été reconnu non coupable, jeudi.

Un juge de la cour provinciale a déclaré jeudi que la Couronne n’avait pas réussi à prouver hors de tout doute raisonnable que Kenneth Harrisson savait ce qu’il y avait dans la boîte livrée à son domicile de Saint-Jean, en 2013.

Le juge Mark Pike a reconnu que les raisons invoquées par M. Harrisson pour commander la poupée n’avaient pas l’air vraies. Il a toutefois statué que la Couronne n’avait pas satisfait le fardeau de la preuve.

Lors du procès, M. Harrison a témoigné qu’il avait voulu commander une poupée de taille adulte pour remplacer dans son existence un fils décédé plus de 20 ans auparavant, à l’âge de six mois.

Le juge Pike a conclu que les explications de M. Harrison étaient tirées par les cheveux, mais il a dit avoir trop de doutes sur ce que l’accusé avait vu lorsqu’il avait fait son achat sur une page web.

«La raison offerte par Harrisson pour commander la poupée est incroyable et n’est pas logique à mes yeux», a-t-il expliqué, tout en rappelant que le fardeau de la preuve incombait à la Couronne.

«Je dois veiller à ne pas confondre la question de savoir qui croire avec la question de savoir s’il existe un doute raisonnable.»

Une affaire sans précédent

Cette affaire pour le moins particulière fait son chemin devant les tribunaux depuis des années. Il s’agirait du premier procès au Canada portant sur des accusations de pornographie juvénile en lien avec une poupée sexuelle.

Ce dossier était sur le point de créer un précédent autour de ce qui constitue de la pornographie mettant en scène des enfants quand aucun enfant réel n’est impliqué.

Kenneth Harrisson, âgé de 54 ans, a été déclaré non coupable de possession de pornographie juvénile et de mise à la poste de choses obscènes. Il a aussi été acquitté face à deux accusations de contrebande et de possession de marchandises interdites en vertu de la Loi sur les douanes.

L’individu avait acheté la poupée du Japon en 2013, mais son colis avait été intercepté alors qu’il se dirigeait vers son domicile de Saint-Jean.

Lors de son procès, il avait admis avoir cherché sur Google les termes «poupée sexuelle». Il disait avoir choisi celle qui avait un visage plus «masculin» pour ressembler à son fils, qui aurait eu 25 ans en 2013.

Il a relaté que la poupée qui avait été livrée chez lui n’était pas celle qu’il avait commandée. Il a assuré que son intention n’était pas d’avoir une relation sexuelle avec l’objet.

Est-ce de la pornographie juvénile?

Un avocat de la Couronne avait déclaré dans sa plaidoirie finale que la poupée était une version en trois dimensions de pornographie juvénile.

Le Code criminel canadien définit la pornographie juvénile comme étant «toute représentation photographique, filmée, vidéo ou autre, réalisée ou non par des moyens mécaniques ou électroniques» qui affiche une personne «de moins de moins de 18 ans ou présentée comme telle et se livrant ou présentée comme se livrant à une activité sexuelle explicite».

Le juge Pike dit avoir accepté le témoignage d’un expert selon lequel la poupée représentait bel et bien de la pornographie juvénile. Le psychiatre légiste Peter Collins avait déclaré que la poupée était «prépubère» et avait été annoncée comme de la pornographie juvénile.

L’avocat de la défense Bob Buckingham a parlé de cette affaire comme d’une «longue bataille» qui a été stressante et épuisante pour son client.

«M. Harrisson souhaite dire qu’il est soulagé que l’affaire soit terminée et qu’il conseille aux gens de faire attention à ce qu’ils commandent en ligne», a affirmé M. Buckingham aux côtés de son client.