La demande de libération conditionnelle de Gilles Pinsonneault, voleur de banque de 71 ans et ancien complice du célèbre braqueur Marcel Talon, a été rejetée. Il avait été condamné en 2013 pour un complot digne d’un film d’action.

Pinsonneault, alias Smiley, et trois complices ont été reconnus coupables en 2017 d’avoir comploté pour enlever le président de la Banque Royale du Canada (RBC) et le menotter à une valise remplie d’explosifs afin de dérober d’énormes sommes d’argent dans les chambres fortes de la Place Ville Marie.

Le 15 mai, la demande de Gilles Pinsonneault a été refusée par les commissaires de la Commission des libérations conditionnelles du Canada parce qu’ils considèrent qu’« une récidive avant l’expiration légale de [sa] peine présentera[it] un risque inacceptable pour la société ».

On lui reproche de parler « du bout des lèvres » des conséquences de ses crimes sur les victimes, mais d’être très loquace sur l’impact de sa condamnation sur sa vie. Gilles Pinsonneault a fait certains progrès, mais la Commission considère qu’ils sont trop récents et que « la poursuite [de ce] cheminement s’avère nécessaire ».

Gilles Pinsonneault a précisé lors de l’audience qu’il souhaitait récupérer son permis de conduire et prendre soin de sa santé. Il avait comme projet à sa sortie « d’inventer quelque chose qui n’existait pas ». La Commission a jugé que ce plan était « peu structuré ».

La Commission qualifie la criminalité de Gilles Pinsonneault de « précoce, persistante », et ajoute qu’elle « ne semble pas s’essouffler avec le temps ».

Les délits, « graves, de nature violente et impliquant l’utilisation d’armes », sont de « grande envergure […], soigneusement planifiés et structurés avec des moyens hautement sophistiqués ».

Le président de la RBC espionné

Gilles Pinsonneault et ses complices ont plaidé coupable en 2017 à des accusations criminelles de complot d’enlèvement, de vol qualifié, de possession d’armes et d’explosifs.

Les policiers, lorsqu’ils ont perquisitionné, ont saisi des armes de poing, des gilets militaires et tactiques, sept masques en latex, des cagoules, des gants, des menottes, etc. Ils ont aussi trouvé 27 sacs de hockey vides, deux fusées routières et un bidon d’essence.

Les autorités ont découvert, à l’arrière d’une Mazda Protégé appartenant à un prête-nom, une caméra dissimulée qui surveillait le domicile du président de la RBC, Martin Thibodeau. Il a été mis au courant par la police uniquement le jour de l’arrestation des suspects.

Voiture de police mitraillée

Dans les années 90, Gilles Pinsonneault aurait élaboré un plan similaire à celui de 2013, selon un ancien complice, le célèbre braqueur Marcel Talon, interprété par Michel Côté dans le film Le dernier tunnel.

En 1993, les deux malfrats, qui avaient volé un camion blindé de l’entreprise Sécur, ont été surpris et poursuivis par une patrouille de la Sûreté du Québec. Au cours de la poursuite, qui s’est achevée sur l’autoroute 13, les suspects ont mitraillé la voiture de police.

Lors du procès, Talon a raconté que Pinsonneault planifiait d’enlever le directeur de l’entreprise Sécur et les membres de sa famille. « Pinsonneault avait su où le directeur habitait, il savait combien il avait d’enfants grâce à des filatures. Il planifiait depuis deux mois un vol d’une somme de 300 à 600 millions de dollars. Les suspects avaient des cagoules genre humain avec des moustaches. Elles étaient en latex. Ils avaient également volé des camions lettrés qu’ils avaient repeints », a rapporté l’enquêteur Joël Lessard lors de l’enquête sur remise en liberté de deux des complices de Pinsonneault, en 2017.

Par ailleurs, l’un des trois complices de Pinsonneault condamnés dans l’affaire du complot d’enlèvement du président de la banque, Denis Paquette, qui avait eu le droit d’aller en maison de transition en novembre dernier, vient d’obtenir sa libération conditionnelle totale.

L’homme de 68 ans a notamment l’intention de suivre une formation pour prendre soin des animaux. Les commissaires lui interdisent de fréquenter toute personne ayant des antécédents criminels.

— Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse