(Ottawa) La querelle judiciaire sur les preuves admissibles au procès pour agression sexuelle de l’ex-otage Joshua Boyle pourrait créer « un très dangereux précédent », prévient son avocat.

Me Lawrence Greenspon a indiqué vendredi qu’il s’opposera vigoureusement à la contestation par la plaignante, Caitlan Coleman, de la décision récente du juge au procès d’admettre des preuves concernant certaines activités sexuelles consensuelles du couple.

Joshua Boyle a plaidé non coupable à de multiples accusations criminelles pour des crimes dont aurait été victime sa femme, Caitlan Coleman, notamment de voie de fait, d’agression sexuelle et de séquestration.

Les crimes allégués auraient été commis à la fin de 2017, après le retour du couple au Canada. Joshua Boyle et Caitlan Coleman venaient de passer cinq ans aux mains d’extrémistes en Afghanistan, après avoir été enlevés pendant un voyage de randonnée en Asie centrale. Ils ont été libérés par des troupes pakistanaises ont libéré le couple, qui était accompagné de ses trois enfants nés en captivité, en octobre 2017.

Le procès devant la Cour de l’Ontario, qui s’est amorcé à la fin du mois de mars, est suspendu indéfiniment pendant que Mme Coleman demande à la Cour supérieure d’infirmer la décision du juge Peter Doody de permettre aux avocats de la défense d’évoquer les antécédents sexuels du couple.

La décision est importante, car la loi limite dans quelle mesure un accusé peut évoquer les antécédents sexuels d’une victime présumée au cours d’un procès et des modifications législatives entrées en vigueur en décembre dernier permettent aux plaignants d’avoir une plus grande voix au chapitre.

Mais l’équipe de défense de M. Boyle se préoccupe de l’impact des délais sur leur client.

Me Eric Granger a fait valoir devant la cour plus tôt cette semaine que l’affaire repose sur la fiabilité d’une preuve qui ne s’améliore pas avec le temps, alors que les souvenirs s’estompent. De plus, M. Boyle est soumis à de strictes conditions de liberté sous caution.

« Permettre ce genre d’application au milieu d’un procès créerait un très dangereux précédent et l’impact sur tous les autres procès pour agression sexuelle à travers le pays serait — et je ne pense pas exagérer — désastreux », a déclaré Me Lawrence Greenspon.

La Cour supérieure pourrait rendre sa décision plus tard ce printemps et si aucun des deux camps ne fait appel, le procès pourrait reprendre dès le mois de juillet.