Jonathan Mignacca, garde du corps de Raynald Desjardins, qui avait protégé ce dernier lors d’une spectaculaire fusillade survenue à Laval en septembre 2011, peut retourner à la maison, après avoir passé les quatre dernières années au pénitencier et en maison de transition.

Les commissaires aux libérations conditionnelles ont en effet statué que Mignacca, 34 ans - qui a passé les six derniers mois en maison de transition -, a notamment fait montre de transparence et de regrets sincères envers les témoins de la fusillade, a sérieusement travaillé sur les facteurs qui ont contribué à sa criminalité et a présenté un plan de sortie viable.

En revanche, les commissaires lui imposent des conditions jusqu’à la fin de sa sentence. Il devra notamment respecter un couvre-feu entre 23 h et 6 h - sauf pour des raisons de travail légitime -, ne pourra fréquenter les cafés italiens et devra éviter toute personne ayant des antécédents criminels ou qu’il sait liée à une organisation criminelle.

Son équipe de gestion de cas recommande également qu’il porte un bracelet GPS durant une période de six mois mais cette décision sera prise par les services correctionnels.

Scène digne du farwest

Le 16 septembre 2011, alors qu’une lutte à trois clans déchirait la mafia montréalaise, Raynald Desjardins et son garde du corps ont été pris pour cible par un individu armé d’une mitraillette et arrivé en motomarine par la rivière des Prairies, en bordure du boulevard Lévesque, près du pont de l’autoroute 25.

Mignacca a répliqué en ouvrant le feu vers le tireur, pendant que son patron, indemne, prenait la fuite dans sa BMW criblée de balles. Au moins 15 projectiles ont été échangés au moment où un autobus de la ville, ayant des passagers à bord, passait tout près.

Jonathan Mignacca a été légèrement blessé dans la fusillade et arrêté près des lieux par les policiers de Laval. Il a été accusé d’avoir déchargé une arme à feu et a été condamné à six ans et demi de pénitencier.

Durant son audience devant les commissaires aux libérations conditionnelles en octobre dernier, Mignacca avait déclaré qu’il aurait pu faire n’importe quoi pour Raynald Desjardins.

Dans leur décision de six pages rendue le cinq avril dernier, les commissaires décrivent Mignacca comme un individu affilié au crime organisé traditionnel italien (COTI) et comme le « garde du corps d’un acteur majeur du crime ».

Ils écrivent que Mignacca a tendance à diminuer son implication dans le COTI mais indiquent qu’il n’est actuellement pas un sujet d’intérêt pour les autorités.

Durant son incarcération au cours de laquelle il a occupé les tâches de cuisinier et d’homme à tout faire, Mignacca a conservé un comportement généralement conformiste même s’il a perdu patience à quelques reprises.

Il veut retourner aux études et se trouver un emploi légitime pour répondre aux besoins de sa famille.

Raynald Desjardins, quant à lui, purge toujours sa sentence reçue pour avoir comploté le meurtre de l’aspirant-parrain Salvatore Montagna commis à Charlemagne en novembre 2011 et qu’il croyait à l’origine de l’attentat perpétré contre lui à Laval deux mois plus tôt.

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