Au moins cinq diocèses, dont celui de Québec, envisagent de suivre la voie tracée par l'archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, et de faire réaliser une revue complète des dossiers des prêtres qui ont oeuvré sur leurs territoires respectifs depuis 1950.

« Nous envisageons également un audit dont les modalités restent encore à préciser », a indiqué l'archevêché de Québec par voie de communiqué. Le diocèse de Québec dit ainsi suivre les récentes recommandations de la Conférence des évêques catholiques du Canada, où « les actions qui sont proposées font partie de la réponse pastorale de notre Église à la souffrance vécue par tant de personnes blessées ».

Les diocèses de Gaspé, de Rimouski et de Baie-Comeau, qui font tous partie de la province ecclésiastique de l'est du Québec, feront également réaliser un audit, indique le chancelier de l'archidiocèse, l'abbé Serge Tidjiani. « On en parle depuis un an à l'Assemblée des évêques du Québec. Nous avons décidé d'aller de l'avant. Est-ce que ce sera un audit interne ou externe ? Est-ce qu'on remontera jusqu'à 1950 ou 1970  ? À quel rythme on ira ? On n'a pas les moyens financiers de Montréal et de Québec. Mais un audit est prévu, cela, c'est sûr. »

Au diocèse d'Amos, on envisage aussi sérieusement emboîter le pas à Montréal. « La solidarité entre tous les évêques doit être à l'ordre du jour, souligne l'abbé Raymond Martel, vicaire général du diocèse d'Amos. Nos archives sont là, elles ne sont pas scellées, on est disponibles pour un audit. On est ouverts à ce processus et on veut être solidaires de Montréal. C'est une question très importante. »

À l'inverse, d'autres diocèses hésitent à monter à bord du train lancé par Montréal. À Sherbrooke, on est encore en réflexion, indique l'abbé Guy Boulanger. « Il n'y a pas de décision de prise encore. On étudie cela pour voir à quel point c'est requis pour le milieu. »

Hier, en entrevue à La Presse, l'archevêque de Montréal a indiqué qu'il avait proposé à ses collègues de l'Assemblée des évêques du Québec de se joindre à sa démarche d'audit externe. Il n'y a « pas eu de suite » à cette demande, a-t-il précisé.

De son côté, le gouvernement Legault a applaudi la décision du diocèse de Montréal de lancer un audit pour retracer les prêtres qui ont agressé des mineurs. Mais il a exclu pour le moment de tenir une enquête publique qui toucherait l'ensemble de la province.

La ministre de la Justice, Sonia LeBel, s'est montrée satisfaite mercredi de l'annonce de l'archevêque de Montréal, monseigneur Christian Lépine.  Celui-ci a chargé l'ex-juge Anne-Marie Trahan de dénombrer les prêtres qui auraient eu des agissements répréhensibles par le passé. Et il a appelé toute victime à se manifester.

« On ne peut pas faire autrement que d'applaudir de telles initiatives, a réagi la ministre LeBel. Quiconque est prêt à faire la lumière sur des incidents de ce genre, je pense qu'on ne peut qu'applaudir. »

Selon elle, l'annonce constitue un « bel exemple » pour les autres diocèses du Québec. Mais pour l'heure, elle ne compte pas demander à l'Église de mener d'autres enquêtes sur les agressions sexuelles commises par ses membres. Et elle a exclu la tenue d'une commission d'enquête pan-québécoise sur la question.  

« À ce stade-ci, ce n'est pas approprié, a-t-elle expliqué. Regardez : il y a des initiatives, on va voir ce qui va se passer et ce qui va découler de cela. On verra s'il est approprié pour le gouvernement de prendre les rênes là-dedans. »