Trois individus, qui avaient trouvé une façon sophistiquée pour importer 20 kilogrammes de cocaïne par le port de Montréal en cachant la drogue dans le cadrage des portes d'un conteneur, ont plaidé coupable aux chefs portés contre eux, ces dernières semaines, au palais de justice de Montréal.

Cesar Wilson Bonetti Camilo, 40 ans, de Châteauguay, a été condamné à sept ans de pénitencier le 30 janvier, après avoir reconnu sa culpabilité à une accusation d'importation. Les deux autres, Nelson Barrero Montana, 49 ans, de Laval, et Luis Emilio Almanzar Sanchez, 45 ans, de Montréal, ont plaidé coupable respectivement à un chef de complot et de possession de cocaïne dans un but de trafic, et connaîtront leur peine le 11 avril prochain.

Après que Almanzar eut reconnu sa culpabilité hier, Me Annie Charron, de la Couronne fédérale, a lu un résumé des faits.

Des pots de fleurs

C'est le 13 octobre 2017 que l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a été avisée qu'un conteneur provenant de la République dominicaine arriverait dans le port de Montréal, quatre jours plus tard.

Le conteneur renfermait des pots de fleurs commandés par l'entreprise Distribution Milano inc., dont l'adresse est située rue Louis-Paré, à Montréal, et dont le président et secrétaire-trésorier est un certain Hermes Perseo Duran Herrera.

Le 20 octobre, les douaniers ont retiré subrepticement la drogue, avisé la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui a ouvert une enquête et laissé le conteneur poursuivre sa route jusqu'à son lieu de livraison, à Deux-Montagnes.

Le 25 octobre, les enquêteurs de la GRC ont capté une conversation entre Bonetti Camilo et Almanzar Sanchez démontrant que les deux hommes savaient ce que renfermait le conteneur et attendaient son contenu depuis deux ans.

« La faim attend l'abondance et l'abondance n'est pas la faim », dit l'un d'eux.

Après les fleurs, le pot

Le lendemain, jour de l'arrivée du conteneur dans une cour du chemin d'Oka, les trois hommes se sont présentés sur les lieux avec une tige de métal et des outils électriques, vraisemblablement pour ouvrir le cadrage des portes du conteneur et récupérer la drogue. Toutefois, il n'y avait aucune prise électrique à proximité, et Almanzar a dû se rendre dans un commerce pour acheter des rallonges.

« Qui nous dit que la police ne nous regarde pas ? », a demandé Barrero, inquiet, durant l'attente. Bonetti lui a répondu de ne pas s'inquiéter. Pourtant, les enquêteurs de la GRC étaient bien là, à les observer. Ils ont arrêté les deux hommes, puis le troisième lorsque celui-ci est revenu sur les lieux avec ses rallonges neuves.

Les policiers ont également trouvé plus de 230 grammes de cocaïne dans le véhicule conduit par Almanzar et une arme sur Bonetti Camilo.

Ce dernier a été accusé d'avoir importé 1 kilogramme de cocaïne en 2015 ; il a réglé ce dossier en même temps et a été condamné à deux ans supplémentaires. Il a également reçu une peine concurrente de deux ans pour possession d'arme.

Importateurs improvisés ?

Les policiers ignorent si les trois hommes en étaient à une première expérience d'importation et voulaient tester une nouvelle façon de faire entrer de la cocaïne par le port. Il fallait qu'ils aient tout de même certains appuis financiers ; un kilogramme de cocaïne valait au moins 50 000 $ en 2017.

Barrero Montana est réparateur de conteneurs de métier. Les trois hommes sont arrivés au Canada depuis plusieurs années mais sont résidents permanents. Ils pourraient être expulsés vers leur pays d'origine pour grande criminalité, une fois leur peine purgée.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud:lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

COURTOISIE ASFC

Une photo de la porte du conteneur, le jour de la saisie par l'Agence des services frontaliers.