La Ville de Laval vient de mettre en vente le luxueux condo qu'habitait l'ex-maire Gilles Vaillancourt qui a dû le céder après sa condamnation pour corruption en 2016.

Le condo, situé dans une tour de l'île Paton, à Laval, est affiché au prix de 875 000 $ alors que sa valeur estimée il y a plus de deux ans était de 1 million. Se trouvant au neuvième étage, l'« élégant » condo offre une vue panoramique sur la rivière des Prairies et Montréal. Sur le site du courtier immobilier Royal LePage, il est présenté comme faisant partie d'un « immeuble de renom » ; les frais mensuels de copropriété s'élèvent à 669 $.

La Ville explique que la mise en vente a été longue compte tenu de la modification réglementaire qui a été nécessaire. Pour éviter de vendre la propriété par appel d'offres public, le conseil municipal a adopté, en décembre dernier, un règlement donnant « la flexibilité » pour faire appel à un courtier immobilier.

« Maximiser » le prix de vente

On estime que le processus d'appel d'offres public aurait limité le nombre d'acheteurs potentiels puisque les personnes intéressées auraient dû se plier aux règles de soumissions. De plus, la Ville aurait dû exiger un dépôt et une preuve de disponibilité des fonds avant de pouvoir faire visiter le condo.

Laval a plutôt choisi de confier la vente à une courtière, ce qui permettra, explique-t-on, de « maximiser la mise en marché de la copropriété et son prix de vente », de simplifier les visites et de « sécuriser les acheteurs potentiels ».

Le condo de l'ex-maire corrompu fait partie de l'entente de remboursement de 8,6 millions intervenue en décembre 2016. C'est à ce moment que M. Vaillancourt a reconnu sa culpabilité relativement à un système frauduleux d'octroi de contrats municipaux. On ignore l'ampleur des sommes détournées. L'ex-maire a écopé d'une peine de six ans de pénitencier.

Libération conditionnelle 

En décembre dernier, la Commission des libérations conditionnelles du Canada a accordé la libération conditionnelle totale à Gilles Vaillancourt. La Commission lui a toutefois imposé trois conditions, toutes liées à la manipulation d'argent. Ainsi, M. Vaillancourt ne peut être responsable d'investissements pour toute personne, entreprise, oeuvre de charité ou institution. À la demande de son agent de libération, il doit fournir ses informations financières. Il lui est interdit de travailler contre rémunération ou d'être bénévole pour des activités politiques.

Par ailleurs, la décision publique de la Commission ouvre une brèche importante dans le dossier de l'ex-maire corrompu. On y souligne que M. Vaillancourt aurait « admis avoir eu recours à des manoeuvres frauduleuses dans [ses] fonctions professionnelles antérieures à celles de maire ». Gilles Vaillancourt a siégé de 1973 à 1989 avant d'être élu une première fois à la mairie de Laval.

La femme de Gilles Vaillancourt, Francine Dupuis, a loué le condo pendant quelque six mois avant d'en acheter un autre, du tiers de la valeur, dans le même édifice. Mme Dupuis détient également un condo en Floride.