Une nouvelle technologie capable de détecter l'approche des appareils pourrait expliquer cette diminution.

Le nombre de drones observés autour des 19 prisons du Québec a reculé de plus du tiers depuis l'automne dernier, a appris La Presse auprès du ministère de la Sécurité publique.

Cette diminution sensible pourrait s'expliquer par l'implantation, dans certaines prisons au début d'octobre dernier, d'un projet pilote dans lequel est utilisée une nouvelle technologie servant à détecter à l'avance l'approche des drones.

« Nous constatons une baisse de 37 % des événements de drones à l'échelle provinciale comparativement à l'an passé. Pour en arriver à ce pourcentage, nous avons fait une projection par rapport aux statistiques des mois passés », explique Chantal Robert, directrice générale adjointe à la sécurité au ministère de la Sécurité publique.

« Pour l'instant, on peut dire que les résultats sont encourageants, mais nous aurons une meilleure idée au terme du projet pilote. »

Pour en arriver à une diminution de 37 %, le Ministère a comparé le nombre d'événements de drones répertoriés depuis le début du projet pilote, au début d'octobre, à ceux enregistrés durant les trois mois et demi précédents.

Selon des statistiques obtenues en vertu de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, 64 drones ont été observés autour des prisons du Québec entre la mi-juin et la fin de septembre 2018. Une diminution de 37 % représenterait donc environ 23 événements de moins.

Dans les colis livrés par drone, on trouve normalement des drogues et du tabac, qui valent une fortune à l'intérieur des murs, des téléphones, des piles, des clés USB, des outils et parfois des armes, artisanales ou non.

Essaim de drones à Bordeaux

Pour des raisons de sécurité, Mme Robert ne veut pas donner plus de détails sur la technologie utilisée.

« Elle permet de détecter l'approche des drones plus rapidement, ce qui nous permet d'être en mesure de nous préparer et d'intervenir pour empêcher que la contrebande livrée entre en contact avec les détenus », décrit-elle simplement.

La responsable de la sécurité des prisons ne veut pas dire dans quels établissements la technologie est utilisée. 

Toutefois, des sources ont confié à La Presse que le projet pilote est en cours à l'Établissement de détention de Montréal (EDM ou Bordeaux) et à la prison Rivière-des-Prairies, deux des établissements le plus souvent harcelés par les drones, surtout l'EDM.

Sur les 64 événements de drone survenus entre la mi-juin et la fin de septembre 2018, 51 se sont en effet produits à l'Établissement de détention de Montréal, soit 80 %.

De ces 51 événements, 35 (69 %) se sont soldés par la livraison de produits de contrebande.

Les gardiens impatients

Le Ministère se montre toutefois prudent. Il préfère attendre à la fin du projet pilote, vraisemblablement à la fin de l'été, pour en faire l'analyse et déterminer dans quelle mesure les nouveaux détecteurs ont contribué à la diminution du nombre de drones. Et historiquement, les drones autour des prisons sont plus nombreux durant l'été que durant l'hiver.

Selon nos informations, une troisième prison pourrait bientôt être soumise au projet pilote. Le Ministère étudie parallèlement d'autres technologies, mais écarte celles qui pourraient provoquer la perte de maîtrise ou la chute des drones, compte tenu des risques pour la sécurité de la population.

Mais pour le Syndicat des agents en services correctionnels du Québec, les statistiques et les effets constatés dans les prisons démontrent que les détecteurs de drones fonctionnent.

Son président Mathieu Lavoie demande que la technologie soit maintenant implantée dans toutes les prisons québécoises.

« Ça fait deux ans qu'ils nous disent qu'ils sont en étude. On est rendus là, on a une technologie qui fonctionne. Depuis le début, on demande d'avoir le temps d'intervenir contre les drones et maintenant nous l'avons. On fait plus de saisies. Des drones repartent, incapables de livrer, car nous [les agents] sommes prêts. Il faut maintenant lutter à armes égales contre la contrebande », affirme M. Lavoie.

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Plusieurs événements à Bordeaux

Durant les 9 premiers mois de 2018, 144 événements de drone ont été répertoriés autour des prisons québécoises, dont 107 (74,3 %) à Bordeaux seulement. En tout, 78 de ces 107 événements se sont soldés par une livraison de colis de contrebande, soit 73 %.

Source : ministère de la Sécurité publique

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.