Un assassin et prédateur sexuel qui aurait pu passer sa vie dans une prison canadienne était de retour aux États-Unis, mardi, pour une audience, et une procureure américaine a critiqué la Commission des libérations conditionnelles du Canada pour l'avoir envoyé aux États-Unis.

La procureure de district du comté de Niagara, Caroline Wojtaszek, a reproché au Canada d'avoir délégué le problème aux États-Unis. William Shrubsall, âgé de 47 ans, a notamment fracturé le crâne de l'une de ses victimes avec un bâton de baseball, en Nouvelle-Écosse, au début des années 1990.

Mme Wojtaszek a souligné qu'il s'agissait d'un individu «très épeurant» qui aurait dû être emprisonné pour le reste de sa vie.

La procureure de l'État de New York faisait référence à la décision de deux membres de la Commission des libérations conditionnelles du Canada, qui ont autorisé le 7 novembre dernier sa libération et son expulsion.

Selon la décision de six pages, les responsables croyaient que l'individu ferait face à «beaucoup plus d'années de prison» dans le comté de Niagara - où il avait fui la justice lors de son procès pour avoir agressé une adolescente de 17 ans en 1996.

Mme Wojtaszek a remis en doute cette logique, affirmant qu'il y avait des limites à sa capacité d'incarcérer M. Shrubsall, qui porte maintenant le nom Ethan Simon Templar MacLeod.

«Il n'y a rien dans cette décision qui laisserait la société plus sûre qu'elle ne l'était quand il a été désigné pour la première fois comme délinquant dangereux», a-t-elle soutenu.

«Nous sommes confinés par la structure de détermination de la peine de 1996 ... et on fait face, donc, à quatre ans et huit mois avant sa libération. Cela ne crée en aucun cas un filet de sécurité pour la société.»

Mme Wojtaszek va maintenant tenter d'obtenir une condamnation et la peine maximale pour M. Shrubsall pour avoir fui la justice en 1996.

Lundi, William Shrubsall a été remis à la police du comté de Niagara et emmené dans une prison du comté pour y purger sa peine pour agression sexuelle. Il est admissible à la libération conditionnelle dans deux ans et quatre mois pour cette infraction.

La peine maximale pour avoir fui à la justice est similaire, avec une admissibilité à une libération après deux ans et quatre mois, a indiqué Mme Wojtaszek.

Son procès pour cette accusation commencera le 10 juin.

Cependant, Mme Wojtaszek a argué que le Canada était en meilleure posture de garder William Shrubsall en raison de la gravité de ses crimes plus violents survenus en Nouvelle-Écosse.

Plusieurs antécédents graves

Les procédures qui ont mené le Canada à déclarer William Shrubsall comme délinquant dangereux - ce qui signifie qu'il pourrait être détenu en prison pour une période indéfinie - avaient duré plus de deux mois et avaient permis d'entendre le récit de ses victimes canadiennes, dont certaines ont souffert d'invalidités permanentes.

En février 1998, en volant dans un magasin, il avait frappé une employée féminine avec un bâton de baseball, fracturant son crâne. Quelques mois plus tard, en mai 1998, il a attaqué et agressé sexuellement une femme qui revenait chez elle en marchant.

En juin 1998, il avait rencontré une femme dans un bar et l'avait reconduite à une résidence en taxi. Il ne l'avait pas laissé partir de son appartement, l'avait étouffée et agressée sexuellement.

Dans son jugement oral, le juge de la Nouvelle-Écosse a déclaré qu'il ne voyait pas de «perspective réaliste de maîtriser la menace de dangerosité et de gérer le risque» de William Shrubsall en tant que délinquant régulier.

Le juge a décidé qu'il était susceptible de continuer à poser un risque pour autrui qui «entraînerait probablement la mort, des blessures graves ou des dommages psychologiques chez une future victime».

Il a également été décrit comme «manquant de conscience».

William Shrubsall a aussi battu à mort sa mère avec un bâton de baseball la veille de l'obtention de son diplôme, alors qu'il était mineur.

Pas un psychopathe, selon la commission

La décision de la Commission des libérations conditionnelles autorisant sa libération indiquait qu'il n'était actuellement pas considéré comme un psychopathe.

Elle a également déclaré qu'il s'était bien comporté, qu'il avait mené à bien des programmes visant à réduire sa violence, qu'il suivait régulièrement des consultations psychologiques et qu'il élaborait un plan pour sa libération dans la communauté.

Toutefois, elle a également déclaré que ces facteurs «n'auraient pas suffi» pour sa libération si les membres n'avaient pas pris en compte qu'il serait renvoyé aux États-Unis et remis en détention.

Interrogée sur l'affaire, la Commission des libérations conditionnelles a envoyé un courriel contenant des propos généraux sur son dossier, refusant tout commentaire spécifique.

«Je peux vous dire que, comme dans toutes les décisions de la Commission des libérations conditionnelles du Canada, la protection de la société est la considération primordiale», a écrit la porte-parole Holly Knowles.

«Lorsqu'ils prennent des décisions concernant la libération conditionnelle d'un délinquant, les membres de la commission procèdent à une évaluation approfondie du risque. Ils examinent des informations provenant d'un large éventail de sources, notamment des informations provenant de la police et des tribunaux, des rapports psychologiques et psychiatriques, des outils d'évaluation du risque, le plan correctionnel et des rapports d'avancement, les informations soumises par les victimes et plan de libération du délinquant.»