« Ne faites pas d’amalgame tendancieux, soyez prudents. »

« Ne tombez pas dans le piège. »

« La Couronne a été incapable de prouver un mobile. »

Me Ariane Bergeron-St-Onge, l’avocate de Marc-Olivier Perron, ce policier longueuillois qui subit son procès pour utilisation frauduleuse d’un ordinateur et abus de confiance, a servi plusieurs avertissements aux jurés, dans sa plaidoirie livrée jeudi après-midi, au palais de justice de Longueuil.

Le soir du 17 mars 2016, son client, qui travaillait au Bureau d’analyse des renseignements criminels (BARC) de la police de Longueuil - où sont stockées toutes les informations recueillies par l’organisation policière - a passé 73 minutes sur l’ordinateur d’une collègue à télécharger 2400 fichiers contenant des informations sensibles. Celles-ci ont été retrouvées trois semaines plus tard, chez Perron, qui a alors été arrêté.

Me Bergeron-St-Onge a expliqué aux jurés que le patron immédiat de Marc-Olivier Perron, le lieutenant détective Martin Valiquette, lui a demandé d’identifier les brèches de sécurité au BARC, que le fait qu’une collègue ait dit devant son client qu’elle avait noté le mot de passe de son ordinateur dans son calepin a été un « élément déclencheur », que Perron s’est rendu à l’ordinateur de celle-ci en fin d’après-midi, le 17 mars 2016, qu’il a commencé à copier les documents mais qu’il a dû arrêter car il a été surpris par le retour de son patron. Il est revenu dans les bureaux du BARC le soir venu, pour finir le travail.

« Il n’y a aucune preuve qui supporte qu’il ait vendu ces informations au crime organisé. Son téléphone a été analysé, il n’a eu aucun échange avec des criminels. Il n’avait pas de difficultés financières. Aucun fichier téléchargé ce soir-là ne concerne l’identité des sources », a égrainé Me Bergeron-St-Onge.

« Tout n’est que spéculation. On ne connait pas la nature des documents, ils n’ont pas été déposés en preuve. On se sert du criminel pour faire de la discipline », a-t-elle accusé.

Demande nébuleuse

Me Bergeron-St-Onge a cherché à miner la crédibilité de certains témoins de la poursuite, tout en affirmant que son client n’avait aucune intention criminelle.

Elle s’est également interrogée sur le fait que le lendemain du téléchargement des données le 17 mars 2016, le patron du BARC, l’inspecteur Régie Audet, ait demandé à une adjointe un registre de toutes les entrées et sorties de personnes dans les bureaux du BARC, « une demande qui demeure nébuleuse », a qualifié la criminaliste.

Durant le procès, l’inspecteur Audet a témoigné avoir constaté, grâce au registre, que M. Perron était entré dans les locaux le soir du 17 mars. Il a ensuite demandé les images des caméras de surveillance et vu que Marc-Olivier Perron avait passé 73 minutes en dehors du champ de la caméra, ce qui l’a inquiété. Il a avisé ses patrons et déclenché une enquête interne.

« Marc-Olivier Perron est convaincu qu’il ne pouvait mettre en danger les informateurs de la police car les identités ne sont pas informatisées. Il voulait démontrer une faille et avoir un levier pour améliorer la sécurité du BARC. On peut ne pas être d’accord avec le geste mais il n’y a pas d’intention criminelle. Il croyait honnêtement qu’il pouvait agir ainsi même s’il reconnait avoir un peu poussé le bouchon le 17 mars 2016 ».

« Ce jour-là, il n’avait aucune intention malveillante et contraire à l’intérêt public. Il avait à cœur le bien du BARC, peut-être un peu trop », a conclu l’avocate du policier.

Vendredi matin, ce sera au tour de la procureure de la Poursuite, Me Geneviève Beaudin, de plaider devant le jury qui entendra par la suite les directives de la juge Myriam Lachance de la Cour supérieure, avant de se retirer pour délibérer.

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