(Longueuil) Pas un, mais deux employés d’une équipe spécialisée en renseignement du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) auraient transmis de l’information à des criminels ou à des personnes intéressées, a révélé mercredi un officier au procès du policier Marc-Olivier Perron, soupçonné d’avoir volé 2400 fichiers contenant des informations très sensibles.

Le policier de 36 ans du SPAL a son procès devant jury pour avoir utilisé frauduleusement un ordinateur de la police de Longueuil et avoir commis un abus de confiance en accédant à des informations protégées sans autorisation et en les copiant, le 17 mars 2016. Ces informations « auraient pu mettre en péril la vie d’informateurs », selon la Couronne.

Le contre-interrogatoire du supérieur de l’accusé, l’inspecteur Régis Audet, a levé le voile mercredi sur la présence de possibles ripous dans les dernières années au sein du Bureau d’analyse des renseignements criminels (BARC) de la police longueuilloise. « Un policier aux renseignements, Jean-Claude Dubé, a été arrêté par le service de police pour avoir divulgué de l’information à l’externe à des personnes du milieu du crime », a révélé l’inspecteur.

Sans préciser le nom du policier, le lieutenant-détective Martin Valiquette a raconté avoir été informé par une source en 2013 qu’un policier de son service « coulait » de l’information à une organisation criminelle. Le ripou s’est fait pincer par son manteau du Cirque du Soleil, reconnu par la source. Il a été arrêté et congédié. « C’était un wake up call. C’est pas juste à Montréal, c’est chez nous aussi », a commenté le témoin Valiquette, en mentionnant le cas du policier Benoît Roberge.

À la suite de l’arrestation de Jean-Claude Dubé, les employés du BARC avaient reçu comme directive de ne pas le contacter. Or, une employée, Diane Savard, était « mécontente » de cette consigne, selon l’inspecteur Audet. Les fréquentations de cette dernière en inquiétaient certains à cette époque. L’employée visitait le soir le restaurant Christie’s à Boucherville, « fréquenté par des gens du crime organisé », a expliqué le témoin.

Cette employée a été dénoncée plus tard par l’accusé, Marc-Olivier Perron, qui a même obtenu le statut de source codée. Selon l’inspecteur Audet, Mme Savard avait informé quelqu’un par courriel d’une visite prochaine de policiers dans un établissement licencié. « C’est dangereux de dire aux gens que la police va se présenter quelque part », explique le témoin. Elle a été suspendue quelques jours et ne travaille plus au BARC.

« Calé » en informatique

Le supérieur immédiat de l’accusé, le lieutenant-détective Valiquette, a dépeint Marc-Olivier Perron comme étant « calé » en informatique. C’est pourquoi il lui avait confié à l’époque le mandat de « hacker » le système informatique du Bureau pour vérifier les failles de sécurité. Il avoue toutefois l’avoir fait sans demander l’autorisation de la hiérarchie.

La Couronne tente de prouver que l’agent Perron s’est rendu dans les bureaux du BARC le soir du 17 mars 2016 et qu’il a passé plus d’une heure à l’ordinateur d’une collègue responsable du module de contrôle des informateurs pour copier de l’information. Il a été arrêté trois semaines plus tard avec des centaines de fichiers très sensibles.

« C’est sûr et certain qu’il s’est introduit dans l’ordinateur d’un supérieur et qu’il a copié des documents », a martelé l’inspecteur Audet. Le jury a appris que ce dernier a fait lui-même l’objet d’une enquête criminelle de la Sûreté du Québec, mais qu’il a eu la confirmation qu’aucune accusation ne serait portée.

Le procès se poursuit jeudi devant la juge Myriam Lachance.