Steven Fracas, dernier individu toujours détenu — outre Raynald Desjardins — à avoir été condamné pour le meurtre de l’aspirant parrain Salvatore Montagna, vient d’être libéré d’office.

Fracas, 35 ans, est libéré après avoir purgé les deux tiers d’une peine de neuf ans reçue pour avoir comploté le meurtre de Montagna commis en novembre 2011 à Charlemagne.

PHOTO FOURNIE

Salvatore Montagna, assassiné en 2011

Le crime était survenu au moment où Desjardins, son protégé, Victor Mirarchi, et leur groupe, faisaient déjà l’objet d’une enquête de la Gendarmerie royale du Canada baptisée Clemenza et visant les clans de la mafia qui tentaient de prendre plus de place, après que les Siciliens eurent été durement étrillés à l’issue de l’enquête Colisée en 2006.

Les enquêteurs de l’Unité mixte d’enquête contre le crime organisé (UMÉCO) de la GRC avaient utilisé une technologie américaine qui leur avait permis d’identifier les suspects utilisateurs d’appareils Blackberry et d’intercepter les messages cryptés qu’ils s’échangeaient entre eux.

Tous les messages qui avaient un lien avec le meurtre de Montagna avaient été remis à la Sûreté du Québec qui avait arrêté Desjardins et son groupe un mois après l’assassinat de l’aspirant-parrain.

Durant l’enquête Clemenza, Fracas a effectué de la filature sur les ennemis du clan Desjardins-Mirarchi, et a échangé plusieurs messages avec ses complices, selon des documents judiciaires préparés par la GRC pour les procédures.

L’enquête a aussi démontré que Fracas était parmi les invités du mariage de Vittorio Mirarchi célébré aux Bahamas il y a dix ans, presque jour pour jour, en novembre 2009.

Criminalité précoce

Dans leur décision, les commissaires aux libérations conditionnelles du Canada rappellent que la vie criminelle de Fracas a débuté alors qu’il avait 18 ans. En 2003, il a reçu une première sentence fédérale pour trafic de stupéfiants, possession d’explosifs, transport et utilisation d’armes à feu prohibées et leurs munitions. Fracas était considéré à cette époque comme le bras droit du chef d’une organisation criminelle spécialisée dans le trafic de drogue et d’armes.

L’année suivante, alors qu’il était toujours sous le coup de sa première peine fédérale, Fracas a récidivé dans une affaire de complot pour vol et de possession d’arme.

Les services correctionnels considèrent toujours Steven Fracas comme étant affilié à la mafia montréalaise.

Selon la décision, il était toujours un sujet d’intérêt pour le département de sécurité préventive ; il a été vu à quelques reprises en train de manger avec des membres influents de groupes menaçant la sécurité et était lui-même respecté par les autres détenus.

L’équipe de gestion de cas de Fracas note que ce dernier a du mal à reconnaître sa responsabilité dans le meurtre de Montagna. « Vous admettez avoir eu un rôle à jouer dans la rencontre mais vous ajoutez que vous ignoriez que cela allait mener à un meurtre », écrivent les commissaires.

Fracas a dit aux commissaires qu’il souhait suivre une formation pour éventuellement avoir sa propre compagnie. En attendant, il dit vouloir travailler pour une entreprise d’entretien de bâtiments qui appartient à des proches.

Les commissaires imposent plusieurs conditions à Fracas, notamment celle d’aller en maison de transition pour une période d’au moins six mois, en raison des risques de récidive, mais également à cause des tensions qui persistent et des vengeances qui s’exercent toujours au sein de la mafia, et dont il pourrait lui-même être une victime, soulignent-ils.

Fracas devra respecter un couvre-feu, entre 23 h et 6 h, ne pas posséder plus qu’un téléphone cellulaire, divulguer toutes ses transactions financières et occuper un emploi.

Il lui sera interdit de fréquenter les cafés de style européen et toute personne qui a des antécédents criminels ou qui appartient à une organisation criminelle.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à
drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.