Un policier d’expérience de la Sûreté du Québec (SQ) a ruiné sa carrière sans tache de 37 ans au sein des forces de l’ordre en mentant sur son lieu de résidence dans ses réclamations d’heures supplémentaires. Le sergent René Aubé a récemment bénéficié d’une absolution conditionnelle pour sa fraude de 3600 $ aux dépens de la SQ.

« C’est vraiment une erreur de jugement », a résumé la juge Josée Bélanger en imposant sa peine à l’homme de 59 ans en septembre dernier. Accusé de fraude et d’abus de confiance, le policier maintenant retraité a plaidé coupable à un chef d’accusation de fraude de moins de 5000 $, par procédure sommaire. En vertu de son absolution, il pourra demander le retrait de son casier judiciaire dans trois ans. Il fait aussi l’objet d’une ordonnance de probation de 18 mois.

Le sergent Aubé était en conflit avec son nouveau lieutenant au poste autoroutier de Montréal à l’été 2017. Quand son supérieur a ordonné que le temps de déplacement soit désormais calculé selon le temps réellement pris pour le déplacement dans les réclamations d’heures supplémentaires, René Aubé a modifié son adresse de résidence auprès de la Sûreté du Québec.

Le policier prétendait alors résider à son chalet de Saint-Faustin–Lac-Carré, près de Mont-Tremblant, et non plus à sa résidence de Vaudreuil-Soulanges, en Montérégie. Pendant plus de quatre mois, René Aubé a ainsi réclamé à des dizaines de reprises des déplacements à partir des Laurentides, alors qu’il habitait plutôt en banlieue de Montréal – une fraude de 3617,58 $.

Son stratagème a toutefois été découvert par ses supérieurs en 2018. La Direction des normes professionnelles de la SQ a alors confié le dossier au Directeur des poursuites criminelles et pénales, qui a déposé des accusations criminelles.

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René Aubé faisait partie d’un contingent de policiers de la SQ dépêché pour une mission des Nations unies en Haïti dans la foulée du tremblement de terre de 2010.

Risque de récidive presque nul

À la suite de la reconnaissance de culpabilité de l’accusé, les parties ont demandé conjointement une absolution conditionnelle à la juge. L’avocate de la défense, Me Nadine Touma, a relevé que René Aubé n’avait aucun antécédent déontologique ou disciplinaire et que le risque de récidive était presque nul.

Depuis juillet 2018, René Aubé travaille à Postes Canada et s’implique auprès d’une entreprise de produits nutritifs et d’une entreprise de communication. Il espère ainsi conserver un casier criminel vierge afin de pouvoir se rendre aux États-Unis dans le cadre de son travail, a fait valoir Me Touma.

René Aubé faisait partie d’un contingent de policiers de la SQ dépêché pour une mission des Nations unies en Haïti dans la foulée du tremblement de terre de 2010. « C’est très triste que cette carrière se termine sur cette note. Il en porte des remords très importants », a plaidé son avocate.

« Très difficile de sortir par cette porte-là après une carrière sans tache […] J’imagine que ç’a été assez difficile comme expérience », a conclu avec empathie la juge Bélanger.