Condamné à la prison à vie pour le meurtre d’un gardien de prison en 1997, Paul Fontaine s’adresse à la Cour fédérale du Canada pour que les services correctionnels canadiens cessent de le considérer comme un membre des Hells Angels.

Fontaine, alias Fon-Fon, 51 ans, affirme, courriels de l’organisation des Hells Angels à l’appui, qu’il s’est retiré de leurs rangs en mars 2014.

Mais les responsables de l’établissement Drummond répliquent que rien, dans la vie carcérale du délinquant, ne démontre que ce dernier a quitté le club de motards. Au contraire.

Paul Fontaine a tué le gardien de prison Pierre Rondeau durant la guerre des motards. Après le crime, il a amorcé une cavale de sept ans avant d’être arrêté en 2004. En 2009, il a été condamné à la prison à vie, sans possibilité d’obtenir sa libération conditionnelle avant 25 ans. 

En 2014, sa peine a été prolongée de neuf ans et demi après qu’il eut plaidé coupable à une accusation réduite de complot pour meurtre dans la foulée des procédures de l’enquête anti-motards SharQc. 

Le spectre de Casper 

Depuis 2014, Fontaine multiplie les requêtes, griefs et mises en demeure contre les services correctionnels pour que ceux-ci le considèrent comme étant désaffilié des Hells Angels, considérés par les autorités comme un « groupe menaçant la sécurité ».

Selon sa démarche, il faut comprendre que l’affiliation aux Hells Angels nuit à l’ensemble de son dossier et a un effet, par exemple, sur sa cote de sécurité, un éventuel transfert dans un pénitencier à sécurité minimum et sur des accès à des programmes de réhabilitation. 

Fontaine a présenté des courriels des Hells Angels annonçant sa retraite et a également fait appel à l’influent motard Normand « Casper » Ouimet, qui a rédigé un affidavit affirmant qu’il a remis la note de retraite des Hells Angels à Fontaine et que ce dernier dit vrai.

DOCUMENT DÉPOSÉ AU GREFFE DE LA COUR FÉDÉRALE

La note envoyée par les Hells Angels annonçant que Paul Fontaine a pris sa retraite du groupe de motards le 15 mars 2014.

Mais les services correctionnels demeurent de glace. Selon eux, Fontaine, Ouimet et le Hells Angel qui a envoyé le courriel annonçant la retraite n’ont pas voulu rencontrer les autorités et produire une déclaration écrite, ce qui remet en question la validité des prétentions du motard aux yeux des services correctionnels.

Influent en prison

Ceux-ci affirment également que les observations faites derrière les murs démontrent que Fontaine entretient encore des liens avec des Hells Angels ; par exemple, il a voulu intégrer une aile où se trouvaient des motards au pénitencier de Drummond et a parlé au téléphone avec un individu ayant des liens avec trois autres Hells Angels après l’annonce de sa retraite.

Les autorités carcérales affirment également qu’un rapport de renseignement datant d’il y a un an indique que Fontaine est toujours un sujet d’intérêt pour la sécurité préventive, qu’il demeure influent au sein de la population carcérale, qu’il serait impliqué dans le financement du trafic de stupéfiants au pénitencier et serait même considéré comme tête de réseau. 

Enfin, les autorités craignent que Fontaine annonce sa retraite des Hells Angels, mais qu’il reprenne son titre de membre à sa libération.

De son côté, Fontaine affirme que le refus des autorités de considérer son retrait des Hells Angels est basé sur des renseignements inexacts et incomplets, et relève davantage de la conjecture.

Fontaine, selon qui cette décision nuit à son cheminement carcéral, ajoute que le refus des services correctionnels est déraisonnable et que les décideurs ont fait preuve de partialité dans le traitement du dossier.

Il considère comme étant « hypothétiques et non appuyées » les craintes voulant qu’il puisse éventuellement réintégrer les rangs des Hells Angels après avoir annoncé son départ du groupe de motards.

Un juge de la Cour fédérale entendra la cause dans deux semaines.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.