(Ottawa) Un procureur de la Couronne a accusé l’ancien otage Joshua Boyle d’avoir menti lorsqu’il a raconté avoir comparé la tendance de sa femme à se déshabiller aux protestations de dissidents russes installés dans l’ouest du Canada.

Le procureur Jason Neubauer a déclaré mercredi que M. Boyle avait glissé cette « invention » dans un récit fictif en tentant de se défendre des accusations d’agression envers sa femme, Caitlan Coleman, après que les deux eurent été libérés de leur captivité en Afghanistan.

Me Neubauer a également accusé M. Boyle, d’avoir inventé une conversation qui n’aurait jamais eu lieu, le soir où Mme Coleman a fui le domicile familial d’Ottawa.

L’homme de 36 ans a plaidé non coupable à plusieurs accusations criminelles, notamment voies de fait, agression sexuelle et séquestration illégale. Des gestes qui auraient été commis entre octobre et décembre 2017 à Ottawa.

À son retour au Canada, le couple s’est installé à Ottawa avec les trois enfants nés en captivité aux mains des ravisseurs afghans liés aux talibans. Au cours du procès, Joshua Boyle a déclaré sous serment qu’il s’agissait d’un arrangement temporaire, car il avait l’intention de demander le divorce dès que les enfants se seraient adaptés à leur vie au Canada.

Il a décrit son ex-épouse d’instable, de violente et sujette à faire des crises.

Joshua Boyle a notamment déclaré que Mme Coleman se déshabillait souvent lorsqu’elle était agitée et qu’il avait plaisanté avec elle sur le fait qu’elle se comportait comme une « Doukhobor », du nom d’une petite communauté de chrétiens russes dont les membres protestent parfois nus.

Lors du contre-interrogatoire cette semaine, Mme Coleman semblait n’avoir jamais entendu parler des Doukhobors et a nié s’être déshabillée lorsqu’elle était contrariée.

M. Neubauer a déclaré que l’histoire de M. Boyle était « tout simplement fausse » et que ce n’était qu’un exemple de ses tentatives pour créer sa propre version plus favorable des événements.

Pour la Couronne, Joshua Boyle est un homme contrôlant qui dénigrait, punissait et agressait Caitlan Coleman pour arriver à ses fins.

Dans le camp de la défense, on s’est attardé à dépeindre le témoignage de la victime comme des souvenirs flous d’une femme peu fiable aux prises avec de graves problèmes émotifs.

Plus tôt cette semaine, l’avocat de la défense Lawrence Greenspon a soutenu que la fuite de Mme Coleman et ses accusations contre son ex-époux s’inscrivaient dans un plan longuement réfléchi visant à obtenir la garde exclusive des enfants et à refaire sa vie aux États-Unis.

Le soir du départ de Mme Coleman, le couple avait reçu sa mère Lynda pour le souper. Joshua Boyle a affirmé avoir demandé ce soir-là à sa belle-mère d’être plus présente pour son épouse et qu’il avait du même coup l’intention d’entreprendre de la quitter en commençant par prendre des vacances séparées.

En contre-interrogatoire, Lynda Coleman a nié la version de M. Boyle et a dit se remémorer une conversation bizarre avec son gendre. Selon sa version des faits, elle tentait une approche positive en le complimentant sur le repas, mais l’accusé aurait disjoncté en disant qu’il en avait assez de sa médisance.

Le procureur de la Couronne Jason Neubauer a soutenu que « des deux récits très différents », il fallait croire Lynda Coleman, une témoin crédible, alors que Joshua Boyle ment pour soutenir sa défense.