(Ottawa) Joshua Boyle a échafaudé un récit fictif entièrement à son avantage pour dissimuler le fait qu’il a humilié, soumis et agressé son épouse, Caitlan Coleman, a asséné le procureur de la Couronne, mardi, lors de sa plaidoirie au procès de l’ex-otage retenu durant cinq ans en Afghanistan avec celle qui est désormais son ex-conjointe et leurs enfants.

«Il l’a effectivement contrôlée de manière coercitive, et cela s’est développé au fil de plusieurs années», a déclaré le procureur Jason Neubauer au début de son argumentaire final.

Joshua Boyle, 36 ans, a plaidé non coupable à plusieurs infractions à l’encontre de Mme Coleman, dont des voies de fait, des agressions sexuelles et un chef de séquestration illégale. Des gestes qui auraient été posés entre octobre et décembre 2017.

Les incidents auraient eu lieu après le retour de la famille au Canada, à la suite de sa libération des mains d’extrémistes liés aux talibans qui la retenaient captive. Le couple s’est installé dans un appartement d’Ottawa à la fin de l’année 2017 avec leurs trois enfants.

Joshua Boyle a contesté les allégations selon lesquelles il aurait maltraité verbalement ou physiquement Mme Coleman, décrivant celle-ci comme étant instable et sujette à des crises qui rendaient la vie familiale extrêmement difficile.

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Caitlan Coleman

Au cours du procès, Joshua Boyle s’est lui-même décrit comme un masochiste qui dort sur le sol, qui affectionne les pratiques sexuelles BDSM et qui ne se soucie peu de sa sécurité personnelle.

Les avocats de l’accusé ont reconnu qu’il avait une personnalité peu orthodoxe, non conventionnelle et même qu’il n’était pas très aimable, mais ceux-ci ont insisté sur le fait qu’il s’en tenait scrupuleusement à la vérité.

Le procureur Neubauer a comparé ce raisonnement de la défense à un «homme de paille», affirmant que la Couronne n’avait jamais prétendu qu’une personne différente des normes sociales serait moins crédible qu’une autre.

Le témoignage de M. Boyle serait plutôt impossible à croire dans son ensemble et l’accusé n’aurait pas réussi à soulever un doute raisonnable sur sa culpabilité, a martelé Me Neubauer. «Certains aspects sont incompatibles avec le bon sens.»

Le procureur a décrit le témoignage de Joshua Boyle comme étant à la fois illogique, évasif, fabriqué, argumentatif et ponctué «de mensonges flagrants».

Jason Neubauer a cité en exemple un message texte envoyé par l’accusé à sa conjointe de l’époque disant qu’il l’aimait et qu’il la complimentait. Ce message étant rapidement suivi par un deuxième disant : «Oups, mauvaise adresse - poisson d’avril, attends-toi à de douloureuses morsures».

Il a reproché à M. Boyle de s’être contredit au sujet de cet épisode alors qu’il avait d’abord reconnu l’envoi du message avant de prétendre qu’il n’était pas certain que le message venait de lui.

«C’est important parce que cela affecte toute la crédibilité de M. Boyle, a soutenu le procureur. Et bien sûr, cela teinte négativement son honnêteté en tant que témoin.»

Les avocats de Joshua Boyle ont exhorté le juge Peter Doody à rejeter les allégations d’abus de Caitlan Coleman, qualifiant son témoignage de souvenirs flous d’une femme peu fiable aux prises avec de graves problèmes de gestion de la colère.

Mardi, l’avocat de la défense Lawrence Greenspon a dit que Mme Coleman avait fui l’appartement qu’elle partageait avec M. Boyle et l’avait accusé de voies de fait dans le cadre d’un plan longuement élaboré visant à obtenir la garde exclusive de leurs enfants et à se refaire une vie aux États-Unis.

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Lawrence Greenspon

Me Greenspon a déclaré que Mme Coleman avait identifié la nuit du 30 décembre 2017 comme sa meilleure chance de concrétiser son plan.

La femme a pris de l’argent et les passeports de la famille avant de rejoindre sa mère dans un hôtel du centre-ville, où cette dernière se préparait à rentrer aux États-Unis.

Pendant ce temps, Joshua Boyle a appelé la police pour rapporter la disparition de son épouse et il se serait inquiété pour sa sécurité.

C’est à ce moment-là qu’un policier s’est rendu à l’hôtel où se trouvait Mme Coleman et que celle-ci a porté plainte en accusant son mari de l’avoir agressée à de nombreuses reprises.